Les livraisons de chaleur assurées par les réseaux ont atteint 32,3 térawattheures (TWh) en 2024, en hausse de 9,3 % par rapport à l’année précédente. Cette performance, ajustée de la rigueur climatique, constitue un record historique pour le secteur. Elle illustre l’adoption croissante de cette solution énergétique, notamment dans un contexte post-crise énergétique.
Une dynamique soutenue par l’extension des infrastructures
La progression des réseaux s’explique à la fois par l’augmentation du nombre de bâtiments raccordés et par le développement des infrastructures. En 2024, 2 374 bâtiments supplémentaires ont été connectés, portant le total à près de 52 450. La longueur cumulée des réseaux a été étendue de 430 kilomètres supplémentaires.
Ce développement repose sur un soutien financier renforcé de l’État. Le Fonds chaleur, principal levier d’accompagnement du secteur, a vu son enveloppe passer de EUR370mn ($392mn) en 2021 à EUR800mn ($848mn) en 2025. Ce dispositif a contribué à sécuriser les investissements nécessaires pour la densification et la création de nouveaux réseaux.
Les énergies renouvelables et de récupération dominent le mix livré
En 2024, 67 % de la chaleur livrée provenait d’énergies renouvelables ou de récupération, contre 31 % en 2009. Cette mutation est portée par la valorisation de chaleur fatale issue des déchets, de l’industrie, mais aussi par la montée en puissance de la biomasse et de la géothermie.
L’empreinte carbone de la chaleur livrée a connu une nette réduction. Entre 2014 et 2024, les émissions de dioxyde de carbone (CO₂) mesurées en Analyse de Cycle de Vie (ACV) ont chuté de 184 à 109 grammes par kilowattheure, soit une baisse de 41 %.
Un potentiel industriel encore peu exploité
Le potentiel de chaleur fatale disponible en France est estimé à 90 TWh, dont plus de 90 % proviennent de sites industriels, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME). Toutefois, seule une fraction de ce gisement est actuellement exploitée.
Dans la perspective de diversification des sources, le secteur voit dans la récupération de chaleur industrielle et la géothermie deux leviers encore sous-utilisés pour sécuriser l’approvisionnement tout en limitant le recours aux énergies fossiles.
Les réseaux de froid poursuivent leur expansion dans les zones denses
Les réseaux de froid ont enregistré une progression de 12 % des bâtiments raccordés en 2024, avec 204 nouvelles connexions. Cinq nouveaux réseaux ont été mis en service, portant la longueur totale du réseau à 294 kilomètres pour un volume de livraison de 0,9 TWh.
Cette croissance répond à une demande croissante de rafraîchissement dans les zones urbaines, marquées par un été 2025 parmi les plus chauds depuis un siècle. Le Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) fixe l’objectif de doubler le volume de froid livré d’ici 2030.
Des objectifs ambitieux conditionnés à des moyens renforcés
Le projet de Programmation Pluriannuelle de l’Énergie vise 52,7 TWh de chaleur livrée par réseau d’ici 2030, dont 75 % issus de sources renouvelables ou de récupération. Ce chiffre devrait atteindre 90 TWh en 2035, avec 80 % de part renouvelable.
Pour concrétiser ces cibles, les entreprises du secteur appellent à rehausser les moyens alloués au Fonds chaleur au-delà des EUR800mn ($848mn) prévus dans le projet de loi de finances pour 2026. Ce renforcement est présenté comme indispensable pour maintenir la dynamique d’expansion des réseaux de chaleur et de froid sur le territoire.