Les prix du pétrole poursuivaient leur baisse jeudi, lestés par les craintes de récession dans un contexte d’inflation galopante, pendant que le gaz continuait son ascension, poussé par les baisses d’approvisionnement venant de Russie.
Vers 16H10 GMT (18H10 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août baissait de 1,54% à 110,02 dollars. Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison le même mois, perdait quant à lui 1,97% à 104,10 dollars.
Les prix du pétrole continuent de baisser
“Les prix du pétrole brut ont du mal à remonter” par rapport aux plus bas depuis un mois atteint cette semaine, “alors que l’on craint que le ralentissement de l’activité économique n’entraîne une baisse de la demande”, commente Michael Hewson, analyste chez CMC Markets.
La croissance de l’activité économique en zone euro a fortement ralenti en juin dans le secteur privé, au plus bas depuis 16 mois, notamment à cause de l’inflation, selon l’indice PMI composite publié jeudi par S&P Global, un baromètre de l’économie.
“Les indices PMI de la zone euro ont tous été plus faibles que prévu, suggérant que la croissance économique a fortement ralenti”, commente Fawad Razaqzada, analyste pour City Index etForex.com.
Mercredi, “les commentaires du président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, avaient alimenté les craintes d’un ralentissement mondial”, rappelle l’analyste, M. Powell n’ayant pas écarté un risque de récession aux Etats-Unis.
Le gaz continue de grimper
Le gaz naturel poursuivait de son côté sa hausse, initiée la semaine dernière par une baisse des approvisionnements du géant russe Gazprom vers plusieurs pays européens. Vers 16H10 GMT, le TTF néerlandais, la référence du gaz naturel en Europe, évoluait à 133,347 euros le mégawattheure (MWh), prenant près de 5%.
L’Allemagne a activé jeudi le “niveau d’alerte” de son plan d’urgence visant à garantir son approvisionnement en gaz, rapprochant le pays d’une situation de rationnement, dans le sillage de la baisse de 60% des livraisons russes via le gazoduc Nord Stream “Nous sommes dans une crise gazière. Le gaz est désormais une ressource rare”, a déclaré le ministre de l’Économie allemand Robert Habeck.
De son côté, le Kremlin qualifie d’”étrange” que l’Allemagne juge politique la baisse des approvisionnements en gaz russe sur fond de conflit en Ukraine. Il réaffirme que Moscou augmentera les flux dès la livraison des turbines manquantes.
Panne technique ou utilisation politique du gaz, “quoi qu’il en soit, la situation a ajouté à la nervosité du marché”, affirme Carlos Torres Diaz, de Rystad Energy.
“Les pays européens avaient déjà défini des lignes directrices pour réduire progressivement leur dépendance vis-à-vis de l’approvisionnement en gaz russe au cours des dix prochaines années”, poursuit-il, “mais la situation actuelle de l’approvisionnement a poussé certains pays à rechercher des alternatives à plus court terme”, comme le charbon.
Le gouvernement allemand s’est en effet résolu à annoncer dimanche qu’il utiliserait des centrales à charbon dites “de réserve”, ne servant actuellement qu’en dernier recours, pour garantir la sécurité énergétique du pays. Des annonces similaires ont eu lieu en Autriche, en Italie ou aux Pays-Bas.