Les injections quotidiennes de gaz naturel dans les stockages souterrains européens ont dépassé 500 mn de mètres cubes pour la première fois depuis mai 2022, selon les données de Gas Infrastructure Europe (GIE). Ce niveau inédit en deux ans intervient alors que la demande de reconstitution des stocks s’intensifie en prévision de l’hiver prochain.
Un retard notable sur les objectifs européens
Au 1er juin, le volume total injecté atteignait 584 mn de mètres cubes, tandis que les retraits se limitaient à 15 mn de mètres cubes. Le niveau global des stocks s’établissait alors à 53,6 bn de mètres cubes, ce qui en fait seulement le sixième plus haut volume jamais enregistré début juin. À date, les réserves sont remplies à hauteur de 48,86 %, soit un recul de 10,81 points par rapport à la moyenne des cinq dernières années, et bien en deçà des 70,1 % atteints un an plus tôt.
Selon les obligations fixées par la Commission européenne, les États membres doivent porter leurs niveaux de stockage à 90 % d’ici le 1er novembre. Pour respecter ce seuil, l’Union européenne devra injecter au moins 61 bn de mètres cubes au cours des mois à venir. Cette exigence représente une hausse de près de 50 % par rapport à la saison précédente, et constitue l’un des volumes d’injection les plus élevés enregistrés.
Pression sur les prix et tension sur le marché
La progression lente des niveaux de stockage contribue à la hausse des prix du gaz sur les marchés européens. En mai, le prix moyen d’achat du gaz atteignait environ $412 pour 1 000 mètres cubes. Selon le Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), le marché européen pourrait être confronté à des difficultés importantes pour atteindre ses objectifs de remplissage. L’organisation anticipe également que les prix estivaux sur le marché au comptant excéderont les niveaux hivernaux, ce qui rendrait les injections économiquement moins attractives.
Gazprom a déjà mis en garde contre des défis logistiques et structurels pour l’Europe, notamment une concurrence renforcée sur le gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance d’Asie. L’augmentation de la demande asiatique et l’absence de nouvelles capacités substantielles de regazéification en Europe alimentent cette pression.
Des importations de GNL à des niveaux records
En mai, les importations européennes de GNL ont atteint un niveau record de 12,75 bn de mètres cubes. Sur la saison de chauffe précédente, l’Union européenne avait importé près de 63 bn de mètres cubes, le troisième volume le plus élevé jamais observé pour cette période. Malgré cette dynamique, les capacités de regazéification n’étaient utilisées qu’à 53 % de leur potentiel maximal.
Par ailleurs, la production éolienne a contribué à hauteur de 15 % à la génération électrique moyenne de l’Union en mai, tandis que les prévisions annoncent une semaine plus chaude que la précédente sur le continent, influençant la consommation énergétique à court terme.