La guerre a bouleversé les importations de pétrole russe sur le marché. Dans une période où l’occident a renoncé à traiter avec Moscou, par crainte de sanctions liées à l’invasion de l’Ukraine, la Chine continue d’importer du pétrole russe à bas prix. Les importations atteignent un record.
La Russie, premier fournisseur de pétrole pour la Chine
La Chine est le premier importateur mondial de pétrole. Dans une période où le COVID-19 ralenti la demande, les importations de pétrole russe aide les raffineurs chinois à garder la tête hors de l’eau. Dans un même temps, le confinement forcé la Chine à ralentir considérablement ses importations totales. De ce fait, les approvisionnements en provenance du Moyen-Orient et de l’Afrique de l’Ouest sont écartés.
En juin, les importations de pétrole russe ont concerné près de 2 millions de barils par jour (bpj). Cela représente environ 15% de la demande totale de pétrole brut de la Chine. Un record maintenu depuis mai dernier. Ces approvisionnements concernent autant les expéditions maritimes que ceux effectués par oléoducs.
Les expéditions maritimes russes représenteraient de 1,04 à 1,15 million de bpj en juin. Dans la continuité du mois de mai qui était de l’ordre de 1,1 million de bpj. De plus, pas loin de 880.000 bpj sont attendus pour les importations de pétrole russe par le biais des oléoducs. En revanche, les importations de pétrole saoudien ont chuté au plus bas depuis deux ans.
De plus, l’Inde, troisième importateur mondial, a également augmenté ses importations de pétrole russe. De fait, avec la Chine, les deux pays ont acheté 1 million de bpj supplémentaires en mai. À eux deux, ils représentent environ un cinquième des exportations de pétrole russe. Ainsi, Moscou peut se protéger des sanctions imposées par l’Occident.
Un impact significatif pour le pétrole saoudien et angolais
De plus, la Chine a considérablement réduit ses approvisionnements venants d’Irak et d’Arabie Saoudite. Contrairement aux importations de pétrole russe, celles-ci risquent de chuter respectivement de 30 et 40% en glissement mensuel. En outre, les apports d’Angola ont également été réduits. Ceux-ci sont susceptibles de chuter de près d’un quart par rapport au mois de mai.
L’Inde et la Chine ont également augmenté les achats de barils d’Oural. Le prix du baril est de 40 dollars en dessous du prix du Brent FOB.
De plus, la Chine devrait maintenir ses approvisionnements de pétrole d’Oural. Normalement destiné aux raffineries européennes, le pays devrait recevoir environ 250 000 bpj de pétrole en juin.
Néanmoins, avec la hausse des coûts de fret et une rivalité grandissante avec l’Inde, la Chine pourraient diminuer ses importations de pétrole russe dans les mois à venir. Les niveaux d’approvisionnements saoudiens pourraient revenir aux mêmes niveaux que ceux de la période pré-Covid, dans les mois à venir.
Une aubaine pour les raffineries Sinopec
Le raffineur d’État chinois, Sinopec Corp est le principal acheteur international de brut ESPO. Les importations de pétrole russe, par l’ESPO concernent 12 cargaisons, soit un tiers des ventes effectuées. Ainsi, la Russie démontre sa qualité d’exportateur par la voie maritime depuis le port de Kozmino.
De plus, en mai, Sinopec a triplé le volume d’avant-guerre, en effectuant 15 expéditions. Sinopec Corp a ainsi totalisé près de 20 millions de barils entre mai et juin. Les cargaisons achetées ont atteint un prix record de 20 dollars par baril par rapport au brut de référence de Dubaï sur la base FOB Kozmino.
La demande de carburant chinois est en pleine croissance depuis la fin mai, après plusieurs mois de blocage. Une aubaine pour les raffineries de Sinopec.