L’annonce de Donald Trump, nouvellement réinvesti à la Maison-Blanche, d’un moratoire sur le développement des parcs éoliens aux États-Unis a provoqué une onde de choc sur les marchés financiers. Les grands noms du secteur éolien, notamment européens, ont vu leurs actions chuter, reflétant les incertitudes liées à cette décision politique inattendue.
Le décret signé par le président interdit tout nouveau projet éolien durant son mandat. Une promesse électorale que le chef d’État a rapidement tenue, affirmant sa volonté de mettre fin aux subventions pour ce secteur. Cette annonce s’inscrit dans une stratégie visant à réorienter les priorités énergétiques américaines, bien que le pays ait besoin d’accroître sa production électrique pour répondre à une demande croissante.
Des pertes significatives pour les leaders du secteur
Le géant danois Ørsted, pionnier de l’éolien offshore, a enregistré la chute la plus marquée, avec une baisse de 12,88 % sur la Bourse de Copenhague. Cette dégringolade survient alors que la société venait tout juste d’annoncer des dépréciations d’actifs s’élevant à 12,1 milliards de couronnes danoises (1,6 milliard d’euros).
D’autres acteurs européens ont également subi des pertes. À Francfort, Nordex, fabricant d’éoliennes, reculait de 1,53 %, tandis que RWE, le principal producteur d’électricité en Allemagne, voyait ses actions baisser de 0,61 %. En France, Nexans, un leader des câbles pour les éoliennes offshore, a cédé 0,98 %. Les énergéticiens Engie et TotalEnergies, bien que moins directement impactés, ont vu leurs actions fléchir respectivement de 0,85 % et 0,89 %.
Un impact tempéré par une forte demande
Malgré ces baisses, certains analystes soulignent que la décision pourrait avoir un impact limité à long terme. « Il y a un tel besoin d’électricité aux États-Unis que les seuls projets capables de répondre rapidement sont les renouvelables », explique un industriel européen. Les engagements de décarbonation pris par les entreprises américaines et la compétitivité croissante des énergies renouvelables devraient continuer à soutenir l’éolien.
En 2023, l’éolien représentait 10 % de la production d’électricité aux États-Unis, selon le Département américain de l’Énergie. Les projets en cours, notamment ceux initiés avant la signature du décret, pourraient poursuivre leur développement, bien que les investisseurs devront naviguer dans un climat d’incertitude accrue.
Réactions mesurées des entreprises concernées
Du côté des industriels, les réactions restent prudentes. TotalEnergies et Engie, tous deux impliqués dans des projets offshore aux États-Unis, ont choisi de ne pas commenter officiellement la décision. Patrick Pouyanné, directeur général de TotalEnergies, avait toutefois déclaré en novembre dernier qu’il ne s’attendait pas à une rupture majeure dans les projets renouvelables américains. Engie, avec trois projets en cours représentant une exposition de 400 millions d’euros, pourrait être légèrement affecté mais semble confiant quant à leur poursuite.
La volatilité engendrée par ce type d’annonce souligne cependant la nécessité pour les acteurs du secteur de diversifier leurs marchés et de rester agiles face à un environnement politique changeant, particulièrement aux États-Unis.