En 2024, le Global Battery Alliance (GBA), une organisation dédiée à promouvoir une chaîne de valeur des batteries responsable et circulaire d’ici 2030, a conclu l’une des plus importantes initiatives de coopération entre les principaux fabricants mondiaux de cellules de batteries. Cette initiative vise à établir un « passeport batterie » qui standardise les pratiques de durabilité dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement mondiale des batteries, notamment dans les secteurs de l’automobile électrique.
Dix consortiums, représentant plus de 80 % du marché des batteries pour véhicules électriques, ont collaboré avec sept fournisseurs de solutions digitales pour assurer la traçabilité de sept matériaux essentiels : le lithium, le graphite artificiel, l’aluminium, le cobalt, le cuivre, le phosphate de fer et le nickel. Parmi les entreprises impliquées dans le projet figurent des géants de l’industrie tels que Contemporary Amperex Technology Limited (CATL), LG Energy Solution, et Samsung SDI, démontrant leur engagement à améliorer les pratiques de durabilité tout au long de leurs chaînes d’approvisionnement.
Objectifs et portée du passeport batterie
L’initiative de la GBA repose sur l’élaboration de sept « livrets de règles » couvrant des aspects critiques comme les émissions de gaz à effet de serre, la diligence raisonnable en matière de droits de l’homme, le travail forcé, le travail des enfants, la biodiversité, les droits des peuples autochtones et le design circulaire. Ces livrets établissent des attentes de base et des pratiques exemplaires afin d’aider les entreprises à relever les défis liés aux risques environnementaux et sociaux dans leur chaîne d’approvisionnement.
Le « passeport batterie » vise à fournir un cadre de référence standardisé permettant aux entreprises de mesurer et de communiquer leurs efforts de durabilité de manière transparente. Dans un contexte de réglementations de plus en plus strictes, notamment la réglementation européenne des batteries qui entrera en vigueur en 2025, ce passeport pourrait devenir un outil essentiel pour évaluer la conformité des entreprises.
La vérification indépendante et l’évaluation des performances
Pour la première fois, certains participants ont intégré une vérification indépendante de leurs données, renforçant ainsi la fiabilité des informations fournies. Au total, plus de 200 rapports de durabilité ont été compilés et analysés. La GBA a également mis en place un système de notation permettant de quantifier les efforts des entreprises. Dans l’avenir, ce système pourrait aboutir à une certification de durabilité au niveau des produits, offrant une évaluation comparative pour les décisions d’achat et d’investissement basées sur des critères de durabilité.
Ce processus de collecte et de vérification de données repose sur des passeports digitaux de produits, ce qui permet de centraliser et d’analyser les informations de manière globale et uniforme. Les passeports batteries visent ainsi à générer des données comparables dans plus de 20 catégories liées aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), dans un format fiable.
Vers une standardisation mondiale de la chaîne d’approvisionnement des batteries
La création de ces passeports représente un progrès significatif dans l’harmonisation des critères de durabilité à l’échelle mondiale pour le secteur des batteries. Grâce à une approche collaborative et précompétitive, les principaux fabricants peuvent partager des informations cruciales sans compromettre leur compétitivité. Selon Inga Petersen, directrice exécutive de la GBA, ce projet marque une étape décisive vers une transparence accrue et une chaîne de valeur plus durable pour les batteries, en ligne avec la vision 2030 de la GBA.
Ce modèle collaboratif pourrait influencer d’autres secteurs industriels à adopter des pratiques similaires en matière de durabilité et de transparence. En uniformisant les attentes et les pratiques, la GBA ambitionne de faire du passeport batterie un standard mondial de durabilité, permettant ainsi aux parties prenantes d’évaluer et de comparer objectivement les pratiques des entreprises.