Engagées sur le papier à réduire leur empreinte carbone, les grandes banques persistent à financer des activités fortement émettrices de gaz à effet de serre, selon un rapport publié mardi par le Transition Pathway Initiative (TPI), un centre de recherche spécialisé dans les placements bas-carbone.
Le TPI, basé à la prestigieuse London School of Economics, a interrogé 26 établissements bancaires transnationaux. Parmi eux, 22 sont prêts à financer de nouvelles activités liées au charbon, et 24 à l’exploitation de nouveaux champs pétroliers et gaziers. Cette orientation des investissements pose des défis significatifs pour la transition énergétique mondiale.
Impact des Financements Bancaires sur le Climat
En facilitant la circulation de capitaux vers des secteurs fortement émetteurs, les banques contribuent à l’aggravation des risques climatiques. Simon Dietz, directeur de recherche au TPI, souligne que « si certains progrès ont été accomplis depuis nos premières évaluations en 2022, les banques n’agissent pas assez rapidement pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux ». Il ajoute que « sans une action plus forte, le secteur bancaire expose l’économie mondiale à des risques réglementaires, commerciaux et physiques accrus liés au changement climatique ».
Le rapport examine un total de 38 banques, incluant dix banques régionales américaines ainsi que les banques françaises Crédit Agricole, Société Générale et BNP Paribas. Il révèle que la plupart de ces institutions ne contribuent pas suffisamment à permettre au monde d’atteindre les objectifs de température de l’Accord de Paris.
Plans de Réduction des Emissions : Un Effort Insuffisant
Seuls 19 % des trajectoires présentées par les banques pour leurs divers secteurs d’activité intègrent des plans de réduction de leur empreinte carbone d’ici 2035, conformes aux exigences pour limiter le réchauffement à 2 °C par rapport à l’ère pré-industrielle. Ce chiffre chute à 3 % si l’on considère la limite plus stricte de 1,5 °C.
L’analyse du TPI montre que les banques européennes et japonaises ont fixé davantage d’objectifs sectoriels de décarbonation que leurs homologues nord-américains. En revanche, les banques chinoises étudiées n’ont pas encore établi d’objectifs sectoriels de décarbonation, ce qui pourrait freiner les efforts globaux de réduction des émissions.
Appel à une Action Bancaire Plus Forte
Les auteurs du rapport appellent à une intégration plus systématique des questions climatiques dans les opérations des banques. « Promettre la neutralité carbone est devenu courant, mais ces engagements restent limités dans leur portée en raison de l’exclusion de secteurs d’activité importants », soulignent-ils. Ils estiment que seulement 22 % des revenus des banques sont couverts par des engagements climatiques, ce qui est insuffisant pour un impact significatif.
Conséquences Économiques et Réglementaires
Le manque d’engagement des banques dans la réduction des financements vers des industries polluantes expose ces institutions à des risques accrus. Sur le plan réglementaire, les banques pourraient faire face à des sanctions ou à des contraintes supplémentaires visant à limiter leur contribution aux émissions de gaz à effet de serre. De plus, sur le plan commercial, les investisseurs et les clients pourraient se détourner des banques ne répondant pas aux normes environnementales attendues.
Conclusion sur les Engagements Bancaires
Le rapport du TPI met en lumière la nécessité urgente pour les grandes banques de renforcer leurs engagements en matière de réduction des émissions de carbone. Sans une action concertée et ambitieuse, le secteur bancaire risque non seulement de compromettre les objectifs climatiques mondiaux mais aussi de s’exposer à des risques financiers et réputationnels majeurs.