Les exportations maritimes de produits pétroliers russes à destination de l’Asie ont connu une augmentation significative en juillet 2024, atteignant un sommet historique de 1,1 million de tonnes. Ce bond est en grande partie dû à l’adoption de la route maritime passant par le Cap de Bonne-Espérance, une alternative au Canal de Suez, jugée plus sûre par les armateurs russes face à l’escalade des tensions dans la région de la Mer Rouge.
La majorité des cargaisons, soit 0,83 million de tonnes, était constituée de naphtha. Le reste comprenait des volumes importants de fioul et de diesel à faible teneur en soufre, chargés principalement dans les ports d’Ust-Luga, Vysotsk et Primorsk. Ces produits étaient destinés aux marchés asiatiques, notamment Singapour, Taïwan, l’Inde et la Chine, qui absorbent désormais l’essentiel des exportations russes de produits pétroliers en raison des sanctions européennes en vigueur depuis février 2023.
Choix stratégique des routes maritimes
Les traders russes ont commencé à privilégier la route autour de l’Afrique dès décembre 2023 pour éviter les risques d’attaques dans la Mer Rouge. En effet, plusieurs incidents ont été signalés cette année, dont l’attaque du Chios Lion, un navire battant pavillon libérien, qui transportait environ 90 000 tonnes de fioul depuis le port de Tuapse. Ce navire reste à ce jour immobilisé dans le Canal de Suez après avoir été ciblé par des drones alignés sur le groupe Houthi du Yémen.
Cette réorientation des routes commerciales, bien que plus longue et coûteuse, répond à la nécessité de garantir la sécurité des cargaisons russes. Les assurances données par les Houthis aux navires russes et chinois en mars 2024 n’ont pas suffi à apaiser les craintes des opérateurs, qui continuent majoritairement de contourner le Suez.
Implications pour le marché énergétique
Le détournement des routes maritimes russes vers le Cap de Bonne-Espérance a des implications notables sur la logistique et les coûts de transport. Ce changement stratégique reflète l’importance cruciale du maintien des flux d’exportation vers les marchés asiatiques, alors que la Russie cherche à compenser la perte de ses clients européens en raison des sanctions.
Selon les données de LSEG Shipping, les chargements totaux de produits pétroliers russes depuis les ports occidentaux et méridionaux du pays ont atteint environ 9 millions de tonnes en juillet 2024. La capacité d’adaptation rapide de la Russie à ces nouvelles contraintes logistiques démontre la flexibilité du secteur énergétique russe dans un contexte international de plus en plus complexe.