Les exportations de gaz russe par pipeline vers l’Union européenne ont chuté à 18 milliards de mètres cubes (bcm) en 2025, selon des calculs basés sur les données du réseau européen Entsog. Ce volume, en baisse de 44 % par rapport à 2024, marque le niveau le plus bas enregistré depuis le milieu des années 1970, alors que les flux via l’Ukraine ont été interrompus et que l’Union européenne poursuit son désengagement énergétique de la Russie.
Un recul historique alimenté par la fin du transit ukrainien
Le contrat de transit de cinq ans entre la Russie et l’Ukraine n’a pas été renouvelé, mettant un terme à des décennies de flux gaziers via ce corridor stratégique. Gazprom, le géant russe du gaz contrôlé majoritairement par l’État, a désormais pour seul itinéraire vers l’Europe le gazoduc sous-marin TurkStream, qui transite par la mer Noire et dessert notamment la Turquie, la Hongrie, la Serbie et la Slovaquie. En 1975, les exportations soviétiques vers l’Europe atteignaient 19,3 bcm, ce qui situe les volumes actuels en deçà de ce seuil.
Le gaz liquéfié, un levier partiel pour la Russie
Malgré la baisse des volumes par pipeline, la Russie continue de fournir du gaz naturel liquéfié (GNL) par navire, se maintenant comme deuxième fournisseur de GNL de l’Union européenne, derrière les États-Unis. En décembre 2025, les livraisons via TurkStream ont atteint environ 56 millions de mètres cubes par jour, soit une progression de 12,9 % par rapport à décembre 2024 et de 3 % par rapport à novembre.
Des revenus énergétiques en déclin pour Moscou
Au cours de la dernière décennie, les exportations de gaz naturel via pipeline vers l’Europe représentaient une source majeure de revenus budgétaires pour la Russie, avec des volumes annuels dépassant les 175 bcm en 2018 et 2019. Ces flux généraient des dizaines de milliards de dollars pour Gazprom et pour l’État russe. En 2024, les volumes totaux vers l’Europe, incluant le transit ukrainien, s’élevaient encore à 32 bcm. Le recul observé en 2025 souligne l’impact direct de la réorientation énergétique européenne et des tensions géopolitiques persistantes.