Les expéditions maritimes de pétrole brut en provenance de ports russes ont atteint 3,88 millions de barils par jour en septembre, selon les données de S&P Global Commodities at Sea. Il s’agit du volume mensuel le plus élevé depuis avril 2024, dans un contexte de pression croissante sur les acheteurs de brut russe et d’intensification des frappes de drones sur les infrastructures énergétiques russes.
Les livraisons vers l’Inde ont augmenté de 29 % par rapport au mois précédent, atteignant 1,73 million de barils par jour, tandis que les expéditions vers la Turquie ont progressé de 11 %, atteignant 375 000 barils par jour. En revanche, les volumes à destination de la Chine ont reculé de 12 %, pour s’établir à 1,12 million de barils par jour.
Pression internationale accrue sur les exportations russes
Les ministres des Finances du G7 ont annoncé leur intention de renforcer les restrictions sur les exportations russes de pétrole. Une déclaration conjointe publiée le 1er octobre fait état d’un engagement à « maximiser la pression » sur les revenus énergétiques de la Russie, en ciblant spécifiquement les pays ayant augmenté leurs achats depuis le début du conflit en Ukraine.
Cette annonce intervient après que le plafond du prix du brut russe a été abaissé à $47,60 le baril en septembre, contre $60 précédemment. Ce nouvel ajustement constitue la première révision depuis l’instauration du mécanisme de plafonnement en décembre 2022, et marque une divergence de stratégie entre les membres du G7, certains n’ayant pas soutenu une politique coordonnée.
Parallèlement, les flux de produits pétroliers raffinés russes ont chuté à leur plus bas niveau depuis le début de la guerre. En septembre, les exportations de produits ont diminué de 15 % pour atteindre 1,87 million de barils par jour, impactées par les attaques ukrainiennes répétées contre les raffineries.
Capacités de raffinage sous pression
Les frappes de drones ont provoqué la mise à l’arrêt de nombreuses raffineries russes. Selon Commodity Insights, la capacité de raffinage hors service s’élevait à 1,86 million de barils par jour au 19 septembre. Plusieurs installations majeures restent inactives, ce qui a contribué à resserrer l’offre sur le marché intérieur.
Le ministère russe de l’Énergie a annoncé une prolongation de l’interdiction d’exportation d’essence, ainsi qu’une restriction partielle sur les exportations de gazole, pour répondre aux tensions sur la sécurité énergétique. Des installations de chargement au port de Primorsk ont également été touchées par des frappes de drones, provoquant des interruptions temporaires. Deux navires, leKusto et leCai Yun, endommagés lors des attaques, sont toujours à quai.
Répercussions sur le marché intérieur russe
La baisse des volumes de raffinage a exacerbé une crise du carburant en Russie. Entre le 28 juin et le 22 septembre, 360 stations-service ont fermé, représentant 2,6 % du parc national. Dans les régions méridionales, cette proportion atteint jusqu’à 14 %, et grimpe à 50 % en Crimée annexée, selon les données d’OMT-Consult.
« La situation semble alarmante », a déclaré Tamara Kandelaki, présidente du Comité sur l’économie de l’Association des raffineurs et pétrochimistes. Elle a précisé que les fermetures de raffineries ne résultaient pas d’une tendance structurelle, mais d’une situation de force majeure appelée à durer.