Les exportations de pétrole brut depuis la côte Pacifique du Canada ont connu une progression en août, atteignant 13,7 millions de barils contre 13,1 millions en juillet. Cette hausse intervient dans un contexte d’utilisation accrue du pipeline Trans Mountain (TMX) récemment élargi, reliant Edmonton, en Alberta, au terminal maritime de Westridge, en Colombie-Britannique. Sur les volumes exportés en août, 6,8 millions de barils ont été expédiés vers la Chine, contre 5,2 millions vers les États-Unis.
Le pipeline TMX, qui a ajouté une capacité supplémentaire de 590 000 barils par jour (b/j) aux 300 000 b/j du réseau existant, facilite désormais le transport de brut léger et lourd depuis les sables bitumineux canadiens vers les marchés d’exportation. Le redéploiement de ces flux a contribué à resserrer les écarts de prix sur le brut canadien, notamment le Cold Lake vendu FOB Westridge, qui ne se négociait plus qu’avec une décote de $2,09/baril par rapport au WTI le 11 septembre, contre $9,22/baril le 31 juillet.
Les raffineurs chinois s’ancrent dans l’offre canadienne
Selon plusieurs acteurs du secteur, les raffineries chinoises commencent à considérer le brut Western Canadian Select (WCS) comme une source stable, bénéficiant d’un temps de transit raccourci d’environ dix jours par rapport aux expéditions depuis la côte américaine du Golfe. Cette évolution s’inscrit dans une dynamique saisonnière, les volumes disponibles pour l’exportation augmentant avec la fin de la période estivale de forte consommation en Amérique du Nord.
Les liens commerciaux entre producteurs de brut lourd canadiens et raffineurs chinois semblent se renforcer, favorisant les expéditions vers la côte Pacifique du Canada au détriment de la côte américaine. Cette tendance a entraîné une diminution significative des reventes de brut canadien depuis les terminaux du Golfe du Mexique, où seuls 2,8 millions de barils ont été exportés en août, tous à destination de l’Inde, contre 6 millions en juin.
Reconfiguration des flux vers le marché américain
La baisse des exportations canadiennes depuis les États-Unis pourrait également être liée à la raréfaction des approvisionnements en bruts lourds destinés aux raffineries de la côte du Golfe. En août, 28,4 millions de barils de brut lourd ont été importés par les États-Unis, en hausse par rapport aux 26,1 millions de juillet mais en baisse par rapport aux 40,3 millions d’avril.
Les expéditions mexicaines ont atteint 8,7 millions de barils en août, contre 7,2 millions en juillet. Le Venezuela, quant à lui, a repris ses exportations vers les États-Unis avec 1,5 million de barils, alors qu’aucun flux n’avait été enregistré le mois précédent. Toutefois, ces niveaux restent inférieurs à ceux d’août 2024, où les exportations mexicaines atteignaient 9,3 millions de barils et les exportations vénézuéliennes 3,8 millions.
Adaptation du raffinage aux États-Unis
La baisse des volumes de brut lourd pourrait refléter une modification des configurations de raffinage, avec une orientation accrue vers les bruts légers, disponibles en plus grande quantité grâce à la hausse de la production de pétrole de schiste aux États-Unis. L’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) indique que la densité moyenne du brut raffiné sur la côte du Golfe s’est allégée, atteignant 33,93 degrés API en juin 2025, contre 32,5 degrés API en juin 2020.
Cette évolution pourrait continuer à influencer les flux internationaux de brut, notamment en faveur des producteurs canadiens, qui bénéficient désormais d’un accès maritime direct à l’Asie via TMX.