Les exportations d’éthane des États-Unis devraient progresser de 14 % en 2025, puis de 16 % en 2026, selon les dernières projections de l’Energy Information Administration (EIA). Ce rythme soutenu résulte d’investissements majeurs dans les infrastructures portuaires et de l’intérêt croissant de l’industrie pétrochimique mondiale pour cet hydrocarbure issu du traitement du gaz naturel.
Expansion des terminaux américains et nouvelles capacités
Plusieurs projets d’envergure sont venus renforcer la capacité d’exportation américaine en 2025. Energy Transfer a mis en service son terminal de Nederland, au Texas, capable d’exporter 250 000 barils par jour (b/j) d’éthane ou de propane. L’entreprise prévoit également d’augmenter la capacité de son site de Marcus Hook, en Pennsylvanie, de 20 000 b/j d’ici fin 2025. En parallèle, Enterprise a lancé la première phase du terminal d’éthane Neches River, également au Texas, avec une capacité initiale de 120 000 b/j. Une seconde phase, attendue début 2026, ajoutera 180 000 b/j supplémentaires.
Ces développements ont déjà permis d’augmenter de 16 % la capacité d’exportation nationale d’éthane. Une fois la deuxième phase du terminal Neches River achevée, cette capacité connaîtra une nouvelle hausse de 21 %, consolidant la position américaine comme seul fournisseur mondial d’éthane transportable par voie maritime.
Demande chinoise dynamique mais incertaine
En 2024, la Chine représentait 47 % des exportations américaines d’éthane, portée par la mise en service de nouveaux vapocraqueurs et des conversions d’unités existantes. Wanhua Chemical a notamment terminé la construction d’un deuxième vapocraqueur à Yantai, capable d’utiliser l’éthane et la naphta, et entamé la conversion de son unité initiale pour qu’elle consomme uniquement de l’éthane.
Toutefois, des incertitudes apparaissent pour 2026. Deux projets chinois ont été retardés et pourraient privilégier la naphta. Un avis temporaire du Bureau of Industry and Security, émis en mai, a imposé l’obtention d’une licence spéciale pour exporter de l’éthane vers la Chine. Bien que cette obligation ait été levée en juillet, elle a introduit un risque réglementaire non négligeable.
La demande européenne se structure autour du projet INEOS
L’Europe renforcera également son approvisionnement en éthane avec l’entrée en service du vapocraqueur Project One à Anvers, en Belgique, prévue au troisième trimestre 2026. Ce site, développé par INEOS, disposera d’une capacité de 80 000 b/j, devenant ainsi le plus grand du continent.
Parallèlement, la logistique maritime s’adapte à l’essor du commerce de l’éthane. Eastern Pacific Shipping a commandé six Ultra Large Ethane Carriers (ULECs), d’une capacité de 1,5 million de barils chacun. Ces navires seront construits en Chine et livrés en 2027. Dix Very Large Ethane Carriers (VLECs) ont également été produits dans les chantiers navals chinois, représentant 25 % de la flotte mondiale.
Le déploiement de droits de douane sur les navires construits en Chine, annoncés pour octobre par l’U.S. Trade Representative, à hauteur de 2 millions $ par voyage, vient introduire un nouveau facteur d’incertitude pour les échanges bilatéraux entre Washington et Pékin.