Les gouvernements américain et britannique ont annoncé vendredi une nouvelle vague de sanctions contre le secteur énergétique russe. Ces mesures visent notamment Gazprom Neft et Surgutneftegas, deux géants pétroliers représentant ensemble une production de plus d’un million de barils par jour, soit environ 23 milliards de dollars de revenus annuels.
Outre les entreprises, près de 200 navires pétroliers et méthaniers associés à la « flotte fantôme » russe ont également été sanctionnés, dans le cadre d’un effort coordonné pour affaiblir les capacités financières du Kremlin.
Des sanctions « sans précédent », selon Washington
Daleep Singh, conseiller adjoint à la sécurité nationale de la Maison Blanche, a décrit ces sanctions comme « les plus importantes jamais imposées » contre le secteur énergétique russe. Elles visent à frapper chaque maillon de la chaîne de production et de distribution pétrolière, tout en interdisant l’accès à des services américains essentiels pour l’extraction et la production.
Ces restrictions, qui entreront en vigueur le 27 janvier, comprennent également le gel des actifs des entreprises visées et des interdictions commerciales strictes pour les entités américaines ou toute entreprise collaborant avec les cibles des sanctions.
Le président américain Joe Biden a reconnu que ces mesures pourraient entraîner une hausse des prix de l’essence aux États-Unis, estimée entre trois et quatre cents par gallon. Cependant, il a insisté sur l’objectif stratégique de ces sanctions. « Cela aura un impact bien plus profond sur la capacité de la Russie à poursuivre sa guerre. Vladimir Poutine est en mauvaise posture, et il est crucial de maintenir cette pression », a déclaré Biden.
Réactions de Moscou et de Londres
Moscou a réagi avec virulence. Le ministère russe des Affaires étrangères a accusé les États-Unis de chercher à « déstabiliser les marchés mondiaux » au détriment de leurs propres alliés européens. Gazprom Neft, filiale du groupe étatique Gazprom, a dénoncé des sanctions « sans fondement » et « illégitimes ».
Londres a justifié ces mesures en soulignant leur impact sur l’économie de guerre russe. « Chaque rouble retiré des mains de Poutine contribue à sauver des vies ukrainiennes », a déclaré David Lammy, chef de la diplomatie britannique.
Un levier de négociation pour l’avenir
Ces sanctions visent également à renforcer la position des États-Unis et de leurs alliés dans d’éventuelles négociations futures. Un haut responsable américain a indiqué qu’elles pourraient servir de « levier significatif » à l’administration Trump, dont l’investiture est prévue le 20 janvier, pour négocier une paix durable en Ukraine.
Un impact mondial sur les marchés énergétiques
Les observateurs craignent que ces sanctions n’alourdissent les tensions sur les marchés pétroliers. En plus des restrictions imposées aux navires et aux producteurs, les sanctions ciblent des intermédiaires, des fournisseurs de services sur les champs pétroliers, et des responsables politiques russes liés au secteur énergétique.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué ces nouvelles mesures, affirmant qu’elles portaient « un coup significatif au financement de la machine de guerre russe ». Cependant, les perturbations potentielles des chaînes d’approvisionnement énergétiques mondiales pourraient aggraver la volatilité des prix, déjà sous pression depuis le début du conflit en Ukraine.