Le Département de l’énergie des États-Unis a signé un accord sans précédent avec l’entreprise américaine Interlune pour l’acquisition de trois litres d’hélium-3, un isotope rare collecté sur la Lune. Ce contrat représente la première transaction officielle d’un gouvernement portant sur une ressource naturelle extra-terrestre, a annoncé Interlune le 7 mai.
Un isotope stratégique aux usages multiples
L’hélium-3, difficile à obtenir sur Terre, est considéré comme essentiel pour plusieurs technologies sensibles. Il est notamment utilisé dans les systèmes de détection nucléaire, les dispositifs de refroidissement pour l’informatique quantique, certains outils d’imagerie médicale et les recherches sur la fusion nucléaire. Depuis une pénurie survenue au début des années 2010, les autorités américaines cherchent activement de nouvelles sources d’approvisionnement. La Lune, plus riche en hélium-3, offre ainsi une alternative que ce contrat vise à exploiter.
La livraison à l’Isotope Program du Département de l’énergie (DOE IP) est prévue au plus tard en avril 2029. Interlune traitera directement le régolithe — sol lunaire — sur place grâce à une installation pilote actuellement en développement. Cette infrastructure permettra de séparer l’hélium-3 du reste des matériaux avant de le rapatrier sur Terre, limitant ainsi les coûts logistiques liés au transport de matière brute.
Une opération à échelle industrielle sur le sol lunaire
Le volume commandé implique de traiter une quantité de régolithe équivalente à une piscine résidentielle. Ce seuil oblige Interlune à démontrer ses capacités opérationnelles à une échelle significative directement sur la surface lunaire. L’entreprise affirme que son système d’extraction est plus compact, plus léger et moins énergivore que les concepts développés par d’autres acteurs du secteur.
« Ce volume est trop important pour être simplement ramené sur Terre », a déclaré Rob Meyerson, cofondateur et directeur général d’Interlune. « Il nous oblige à valider notre technologie à une échelle utile sur la Lune ».
L’entreprise a récemment levé $18mn (environ €16.7mn) en financement initial et bénéficie de plusieurs aides publiques. Outre une subvention du DOE IP pour la recherche sur la séparation cryogénique de l’hélium-3 terrestre, elle a obtenu un financement TechFlights de la NASA et une bourse de la National Science Foundation (NSF) pour le tri du régolithe lunaire.
Une stratégie fédérale d’approvisionnement critique
Ce contrat s’inscrit dans une stratégie plus large des autorités américaines visant à sécuriser l’accès à des matières premières jugées critiques pour les technologies futures. En choisissant d’encourager des ressources issues de l’espace, le DOE IP envoie un signal au marché sur son intérêt pour les approches innovantes.
Interlune prévoit plusieurs missions lunaires au cours de la seconde moitié de la décennie, visant à industrialiser le processus et à ouvrir la voie à d’autres applications, y compris la fourniture de ressources lunaires directement destinées à une utilisation dans l’espace.