Les pays membres de l’Organisation maritime internationale (OMI) ont décidé de repousser d’un an le vote sur la mise en place d’une taxe carbone pour le transport maritime, à la suite de pressions diplomatiques exercées par les États-Unis. Cette mesure devait initialement être adoptée lors de la session d’octobre à Londres afin d’imposer une contribution financière sur les émissions de dioxyde de carbone du secteur maritime mondial.
Une offensive américaine contre la régulation internationale
L’administration du président Donald Trump a intensifié ses démarches auprès de plusieurs délégations pour bloquer la mise en œuvre de la taxe, estimant qu’elle nuirait à la compétitivité du commerce américain. Washington aurait notamment menacé certains pays de nouvelles barrières tarifaires et de retards administratifs pour leurs marins. Sur sa plateforme Truth Social, Donald Trump a qualifié la mesure de « Global Green New Scam Tax », exhortant les États à voter contre le texte présenté.
Des réactions mitigées au sein du secteur maritime
La décision de report a suscité de vives réactions parmi les acteurs du transport maritime et les responsables politiques européens. Thomas A. Kazakos, secrétaire général de la Chambre internationale de la marine marchande, a regretté cette suspension, soulignant que l’incertitude réglementaire retarde les investissements indispensables à la modernisation des flottes. Selon Rico Luman, économiste principal pour les transports chez ING, l’impact économique de la taxe sur les prix de consommation aurait été limité, le coût du transport représentant une part marginale du prix final des produits.
Un revers diplomatique à l’approche de la COP30
Ce report intervient à quelques semaines du sommet climatique COP30, prévu au Brésil, où les États doivent présenter de nouveaux plans de réduction des émissions à l’horizon 2035. L’absence d’accord au sein de l’OMI risque de fragiliser les discussions internationales, alors que les émissions du transport maritime et de l’aviation ne sont pas incluses dans le champ de l’Accord de Paris. Plusieurs représentants européens ont exprimé leur préoccupation face à la stratégie américaine, qui pourrait compromettre la coopération multilatérale en matière climatique.
Le cadre de neutralité carbone de l’OMI, élaboré après plusieurs années de concertation internationale, avait été soutenu par les États-Unis sous la précédente administration. Le changement de position opéré par Washington marque une rupture dans la diplomatie énergétique mondiale et pourrait influer sur l’équilibre des négociations à venir.