L’ambassadeur des Etats-Unis à Tripoli, Richard Norland, a mis en garde mercredi les protagonistes rivaux en Libye contre l’utilisation du pétrole “comme arme” dans leurs querelles politiques qui ont largement paralysé l’industrie pétrolière depuis avril.
“Les Etats-Unis continuent de soutenir la grande majorité des Libyens qui veulent des élections et exigent que la richesse pétrolière du pays soit gérée de manière responsable”, a déclaré M. Norland, qui est également envoyé spécial américain pour la Libye, selon un communiqué de l’ambassade.
Les États-Unis mettent en garde la Libye
Basé à Tunis en raison de la situation sécuritaire précaire en Libye, M. Norland a fait ces déclarations à l’issue d’une rare visite de deux jours à Tripoli au cours de laquelle il a rencontré plusieurs responsables libyens.
“Il est alarmant de voir que certains, pour des intérêts de courte vue, utilisent le secteur pétrolier comme arme ou aient pris unilatéralement des décisions ayant des répercussions sur l’utilisation des revenus pétroliers de la Libye”, a-t-il ajouté.
Ainsi, depuis mi-avril, les divisions politiques impactent la production pétrolière libyenne, principale source de revenus du pays. Le bras de fer entre deux gouvernements rivaux débouche sur la fermeture de nombreux sites.
La production libyenne victime de l’instabilité
La Compagnie nationale de pétrole (NOC) a averti lundi qu’elle pourrait décréter la “force majeure” sur les installations du golfe de Syrte (nord), faute de pouvoir respecter ses engagements contractuels en raison de leur fermeture forcée. Invoquer “l’état de force majeure” permet de libérer l’entreprise de ses obligations contractuelles tout en l’exonérant de toute responsabilité du fait de leur inexécution.
Plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 et minée par les divisions entre l’Est et l’Ouest du pays, la Libye, dotée des réserves les plus abondantes d’Afrique, est en proie à une grave crise institutionnelle.
De fait, deux gouvernements se disputent le pouvoir depuis mars: l’un basé à Tripoli et dirigé par Abdelhamid Dbeibah depuis 2021 et un autre conduit par Fathi Bachagha et soutenu par le camp du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est.
Ainsi, mi-avril, des groupes proches du camp de l’Est ont forcé la fermeture de six champs et terminaux pétroliers. Ils réclament le transfert du pouvoir à M. Bachagha.
Bien que M. Haftar contrôle une partie des champs pétroliers, la banque centrale gère les revenus. Celle-ci se trouve à Tripoli. Or, le gouverneur est réputé proche de M. Dbeibah.