Rystad Energy a récemment réalisé une étude concernant les émissions de carbone issu du torchage du gaz. Les estimations ont montré que cette pratique était à son niveau le plus bas depuis une décennie.
Une baisse de l’activité du torchage
Ainsi, Rystad Energy a déterminé que l’activité du torchage avait atteint son niveau le plus bas depuis 10 ans. Plusieurs facteurs peuvent expliquer la forte baisse de cette activité l’année dernière. D’une part, la pandémie de la COVID-19 a provoqué une large baisse de la demande de carburant. Les restrictions de voyages et les fermetures d’entreprises ont très largement impacté la demande.
De plus, l’amélioration de la productivité et la sensibilisation accrue à l’environnement semblent également jouer un rôle important. Les estimations montrent que le torchage a émis environ 276 millions de tonnes de CO2 en 2021. Cela représente une légère baisse par rapport à 2020, où ces émissions représentaient 283 millions de tonnes. Une tendance à la baisse se poursuit donc depuis l’épidémie.
De surcroît, les améliorations dans le secteur du schiste américain sont un facteur important de la baisse de cette activité. Ce secteur est dominé par les États-Unis. Il a torché l’équivalent d’environ 12 millions de tonnes de CO2 en 2021, soit moins de la moitié des 30 millions de tonnes observées en 2019.
Un rebond probable des émissions
Un rebond de l’activité de torchage est toutefois probable cette année. La demande mondiale de combustibles fossiles augmente avec l’assouplissement des restrictions liées à la COVID-19. De plus, en raison du conflit en Ukraine, l’offre reste serrée.
Dzenana Tiganj, analyste chez Rystad Energy, s’exprime à ce sujet :
« Le brûlage à la torche représente environ 30 % des émissions totales de dioxyde de carbone produites par l’industrie pétrolière et gazière, et cette pratique a fait l’objet d’une attention accrue quant à son impact sur l’environnement ces dernières années. Même avec la toile de fond de la pandémie et du déclin de l’offre, il y a encore des signes que les dernières améliorations pourraient être partiellement maintenues ».
De nombreux acteurs de l’exploration et de la production ont fixé des objectifs ambitieux pour mettre fin au torchage. La réduction de cette pratique est un élément majeur de la transition énergétique. Grâce à l’estimation des données satellitaires, Rystad Energy détecte et suit l’activité de torchage au niveau mondial pour tous les champs pétroliers et gaziers. Si la dynamique de ces deux dernières années est encourageante, la reprise de l’activité économique pourrait toutefois entraîner en rebond des émissions de CO2 liées au torchage.
Des différences régionales
Nous avons pu observer une tendance mondiale claire à la baisse de 2019 à 2021. Toutefois, les différentes zones géographiques du monde présentent des résultats différents. L’Afrique, l’Amérique du Nord, l’Australie et l’Europe affichent une baisse persistante des activités de torchage. Les autres régions, elles, ont vu leur activité rester stable.
Ainsi, l’Afrique poursuit la tendance à la baisse avec des développements significatifs dans le segment offshore. Les émissions de CO2 du continent dues au torchage offshore ont diminué de 4 millions de tonnes entre 2019 et 2021. Cette tendance est principalement due à l’abandon d’actifs matures, à la baisse de la production des actifs matures et à l’augmentation de la production des champs moins matures.
L’Amérique du Nord a été le moteur de la diminution du torchage mondial à partir de 2019. Le secteur du schiste se concentre sur les améliorations de l’efficacité opérationnelle. Ainsi, les États-Unis continuent de rattraper leur retard grâce à des efforts persistants pour éliminer le torchage de routine sur les sites de production de schiste. La production de schiste américaine a contribué à environ 38 % du torchage en amont en Amérique du Nord en 2021, contre 68 % en 2019.
Enfin, l’Europe continue également de diminuer le brûlage à la torche. Le Royaume-Uni, acteur clé dans ce secteur, a réduit ses émissions de torchage de près de 40 % de 2019 à 2021.
Ainsi, les développements régionaux illustrent les efforts mondiaux de réduction du torchage. Toutefois, les principaux contributeurs au torchage mondial restent les mêmes. Une dizaine de pays, dont la Russie et la Chine, monopolisent 70% des émissions de torchage.