Les émissions de méthane, principal gaz à effet de serre après le dioxyde de carbone (CO2), continuent de croître malgré les efforts pour les limiter. Les concentrations dans l’atmosphère ont atteint des niveaux 2,6 fois supérieurs à ceux de l’ère pré-industrielle, selon une étude récente du Global Carbon Project. Ce phénomène inquiète les acteurs de l’énergie et du climat, car le méthane a un potentiel de réchauffement bien plus élevé que le CO2 sur une période de 20 ans.
La majorité du méthane est liée aux activités humaines, avec environ 60% provenant de l’agriculture, des énergies fossiles et des déchets. Le reste provient de sources naturelles comme les zones humides. La croissance des émissions de méthane a été particulièrement marquée au cours des dernières décennies, passant de 6,1 millions de tonnes par an dans les années 2000 à 20,9 millions dans les années 2010, et atteignant 41,8 millions en 2020.
Impact des Activités Énergétiques et Agricoles
Les activités liées à l’extraction et à l’utilisation des combustibles fossiles, ainsi que l’élevage de ruminants et la gestion des déchets organiques, demeurent les principaux contributeurs aux émissions de méthane. La production et la consommation de charbon, de pétrole et de gaz jouent un rôle clé dans cette augmentation. Ces émissions anthropiques continuent de croître dans la plupart des pays, à l’exception de l’Europe et de l’Australie, qui enregistrent une lente diminution.
En parallèle, des facteurs naturels amplifient cette tendance. Des événements climatiques comme La Niña, qui favorisent des conditions humides, stimulent la production de méthane dans les zones humides tropicales, qui constituent la première source naturelle de ce gaz. La fluctuation des concentrations de méthane reflète ces dynamiques complexes entre sources naturelles et anthropiques.
Objectifs Internationaux et Réalité des Émissions
Les objectifs mondiaux de réduction du méthane, tels que l' »engagement mondial » lancé en 2021 par l’Union européenne et les États-Unis pour réduire les émissions de 30% d’ici 2030, peinent à se concrétiser. Plus de 150 pays ont adhéré à cet engagement, mais des économies clés comme la Chine, l’Inde et la Russie n’en font pas partie. Cette situation complexifie la coordination internationale nécessaire pour des réductions effectives. Les efforts bilatéraux entre la Chine et les États-Unis, qui prévoient un sommet sur les gaz autres que le CO2, pourraient ouvrir la voie à de nouveaux accords.
Les analystes soulignent que ces objectifs ambitieux pourraient être difficiles à atteindre sans des politiques plus strictes et une coopération accrue entre les principaux émetteurs. La gestion des émissions de méthane nécessite une approche coordonnée qui combine régulation, innovation technologique et amélioration des pratiques industrielles.
Enjeux et Stratégies pour l’Avenir
Alors que la trajectoire actuelle des émissions de méthane met en péril les objectifs climatiques à long terme, les experts du secteur insistent sur l’importance de la réduction rapide des émissions pour limiter le réchauffement climatique. L’amélioration de la gestion des fuites de méthane dans les infrastructures pétrolières et gazières, l’optimisation des pratiques agricoles, et la modernisation des systèmes de gestion des déchets sont autant de leviers d’action.
Le méthane représente à la fois un défi et une opportunité pour les politiques énergétiques mondiales. La réduction des émissions pourrait apporter des bénéfices rapides en matière de climat, tout en ouvrant la voie à de nouvelles technologies et innovations dans le secteur de l’énergie.