Les émissions de méthane provenant du secteur des énergies fossiles sont restées à un niveau élevé en 2024, selon l’édition la plus récente du Global Methane Tracker publiée par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) le 7 mai. L’analyse de l’organisation indique que plus de 120 millions de tonnes ont été rejetées dans l’atmosphère, un volume largement supérieur aux déclarations officielles, malgré la généralisation de technologies de détection par satellite.
Des fuites importantes dans un contexte de production record
Le rapport souligne que la production mondiale de pétrole, de gaz naturel et de charbon a atteint des niveaux historiques, sans réduction significative des fuites de méthane. L’intensification de la surveillance a permis d’identifier une hausse des incidents majeurs : les satellites ont détecté un nombre record de fuites importantes sur les sites pétroliers et gaziers en 2024. Plus de 25 satellites fournissent désormais des données critiques, renforçant la transparence mais révélant aussi des écarts croissants avec les chiffres officiels.
Les sources issues d’infrastructures abandonnées, telles que les puits de pétrole et de gaz ou les mines de charbon, ont également contribué à ces émissions, avec environ 8 millions de tonnes de méthane relâchées en 2024. À elles seules, ces installations désaffectées représenteraient le quatrième plus grand émetteur de méthane fossile dans le monde.
Un potentiel de récupération énergétique sous-exploité
D’après les calculs de l’AIE, près de 70 % des émissions annuelles de méthane du secteur énergétique pourraient être évitées à l’aide de technologies existantes. Une mise en œuvre complète aurait permis de remettre sur le marché environ 100 milliards de mètres cubes de gaz en 2024, soit l’équivalent des exportations annuelles de gaz naturel de la Norvège. Par ailleurs, 150 milliards de mètres cubes sont encore brûlés chaque année lors d’opérations de torchage, dont une grande part est considérée comme évitable.
Les mesures d’atténuation pourraient, dans de nombreux cas, s’autofinancer en moins d’un an grâce à la vente du gaz récupéré. Ce rendement immédiat représente un levier pour les acteurs du secteur, selon les données publiées.
Un écart de performance marqué entre opérateurs
Le rapport met en lumière une variation importante dans l’intensité des émissions de méthane selon les pays et les entreprises. Certains opérateurs enregistrent des performances jusqu’à cent fois meilleures que d’autres. L’AIE estime que la diffusion de pratiques industrielles efficaces permettrait de réduire cet écart, en s’appuyant sur des solutions déjà disponibles sur le marché.
Malgré une couverture déclarative atteignant 80 % de la production mondiale de pétrole et de gaz, seules 5 % des opérations affichent des niveaux proches de zéro émission de méthane. L’organisme international insiste sur le besoin d’outils concrets pour accompagner la mise en œuvre des engagements existants. « Les outils sont disponibles. Il faut maintenant passer à l’exécution », a déclaré le directeur exécutif de l’AIE, Fatih Birol, cité dans le rapport.