Les émissions de gaz à effet de serre aux États-Unis, en baisse constante depuis le milieu des années 2000, pourraient atteindre un plateau dès la prochaine décennie, selon les projections publiées par le centre de recherche Rhodium Group. L’étude, basée sur plusieurs scénarios économiques et énergétiques, estime que les trajectoires climatiques du pays se sont significativement infléchies depuis le changement d’administration présidentielle.
Un changement politique majeur dans la stratégie énergétique
Selon le rapport, les sept premiers mois du nouveau mandat de Donald Trump ont introduit un revirement marqué dans la politique énergétique du pays, qualifié de « changement le plus abrupt en matière de politique énergétique et climatique dans l’histoire récente ». Plusieurs mesures mises en place sous l’administration précédente ont été annulées, notamment des crédits d’impôt destinés à soutenir les énergies renouvelables, tandis que des projets dans l’éolien ont été suspendus.
Le Congrès et la Maison Blanche ont adopté une posture clairement favorable aux combustibles fossiles, relançant la production de charbon, de pétrole et de gaz naturel, tout en réduisant les soutiens aux véhicules électriques et à l’énergie solaire. Cette nouvelle orientation stratégique influe directement sur les projections d’émissions nationales.
Des objectifs revus à la baisse pour 2035
Dans son dernier rapport, le Rhodium Group anticipe désormais une réduction des émissions de gaz à effet de serre comprise entre 26 et 35% d’ici 2035 par rapport aux niveaux de 2005. Dans ses prévisions antérieures, la baisse était estimée entre 38 et 56%. Le scénario le plus pessimiste prévoit une baisse modérée jusqu’à 2030, suivie d’une stagnation jusqu’en 2040.
Le pic des émissions américaines a été atteint au milieu des années 2000. Leur recul s’est principalement appuyé sur le déclin de l’industrie charbonnière, remplacée progressivement par le gaz naturel puis par les énergies renouvelables. Le nouveau contexte réglementaire remet en question cette dynamique, sans toutefois provoquer de reprise nette des émissions à court terme.
Des investissements incertains dans les technologies bas carbone
Le rapport met également en évidence une incertitude croissante autour des investissements futurs dans les technologies bas carbone. Le retrait de certains mécanismes incitatifs a provoqué un ralentissement des décisions d’investissement dans les infrastructures renouvelables, notamment dans les secteurs de l’éolien offshore et du solaire à grande échelle.
Les effets à long terme de cette inflexion politique restent dépendants de nombreux facteurs, notamment les prix des hydrocarbures, l’évolution technologique et les décisions des gouvernements locaux. Dans l’immédiat, la trajectoire actuelle pourrait faire des États-Unis l’un des rares pays industrialisés à ne pas accélérer la réduction de ses émissions.