BloombergNEF prévoit une baisse de 10% des émissions du secteur énergétique en 2020. Les énergies éolienne et solaire quant à elles fourniront 56% de la production mondiale d’électricité d’ici 2050.
Les émissions mondiales de carbone du secteur de l’énergie ont atteint un sommet en 2019 et diminueront d’une année à l’autre après 2027, selon une nouvelle analyse.
Selon les projections de BloombergNEF (BNEF), la baisse mondiale de la demande d’énergie causée par le coronavirus réduira les émissions à l’échelle du secteur de 10 % cette année et éliminera 2,5 années d’émissions globales d’ici 2050.
Plus tôt cette année, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a révélé que les émissions mondiales de carbone se sont stabilisées en 2019. Cette annonce survient suite à deux années consécutives de croissance, à environ 33 gigatonnes.
Alors que la reprise économique après la pandémie verra les émissions liées à l’énergie augmenter d’ici 2027, elles ne reviendront pas au niveau atteint en 2019. Et à partir de 2027, il y aura une baisse annuelle de 0,7% jusqu’au milieu du siècle.
Toutefois, cela ne se rapprochera même pas de la limite de 1,5 degré Celsius pour le réchauffement de la planète. Cet objectif était visé par l’Accord de Paris sur les changements climatiques. Les recherches du BNEF estiment que le taux de réduction des émissions de carbone du secteur de l’énergie nécessaire pour atteindre cet objectif est de 10 % chaque année d’ici 2050.
L’énergie éolienne et solaire sont essentielles à la réduction des émissions de carbone du secteur de l’énergie
L’énergie éolienne et solaire, de plus en plus compétitive, stimulera la décarbonisation continue de la consommation d’énergie. L’adoption accélérée de véhicules électriques et les progrès en matière d’efficacité énergétique dans toutes les industries auront aussi une importance.
On estime que 13 milliards d’euros seront investis dans de nouvelles capacités au cours des trois prochaines décennies. On prévoit 80 % dans l’énergie éolienne, l’énergie solaire et les batteries. Un peu moins de la moitié de tous les nouveaux capitaux seront injectés dans la région Asie-Pacifique.
Alimentées par cet investissement, l’énergie éolienne et solaire devrait représenter 56 % de la production mondiale d’électricité d’ici 2050. Selon les estimations actuelles, ces sources d’énergie détiennent aujourd’hui 10 % du marché mondial de l’électricité.
Une somme supplémentaire de 11 milliards d’euros devra être investie dans la modernisation et l’expansion des réseaux d’électricité. Ceci afin de tenir compte de l’électrification croissante des systèmes énergétiques et de l’évolution de l’offre et de la demande qui suivra.
« Les dix prochaines années seront cruciales pour la transition énergétique », a déclaré Jon Moore, directeur général du BNEF. « Il y a trois éléments clés que nous devrons voir : le déploiement accéléré de l’énergie éolienne et de l’énergie photovoltaïque [solaire]; l’adoption plus rapide des véhicules électriques, des énergies renouvelables à petite échelle et des technologies de chauffage à faible émission de carbone, comme les pompes à chaleur; et le développement et le déploiement à grande échelle ».
Les perspectives pour les combustibles fossiles
Le gaz naturel sera le seul combustible fossile à ne pas connaître de pic de demande avant 2050. Il devrait croître à un taux annuel de 0,5 % au cours de la période. Les bâtiments et l’industrie représenteront respectivement 33 % et 23 % de sa croissance, en tant que secteurs où il y a « peu de substituts économiques à faibles émissions de carbone ».
Le rapport New Energy Outlook 2020 de BNEF prévoit que la production d’électricité à partir du charbon en Chine atteindra un sommet en 2027. Notons que la Chine est de loin le plus gros consommateur de charbon au monde. Cependant, le pays s’engage à atteindre l’objectif de zéro émission nette avant 2060.
En Inde, où le charbon occupe toujours une place importante dans le mix énergétique national, la production d’électricité à partir de combustibles fossiles devrait atteindre son niveau le plus élevé en 2030.
Dans l’ensemble, le charbon devrait représenter 12 % de l’approvisionnement mondial en électricité d’ici 2050, contre environ 33 % aujourd’hui.
L’analyse du BNEF laisse entendre que la demande de pétrole atteindra un sommet en 2035. Soit plus tard que certaines prévisions, y compris celles de BP et de l’AIE,
Défis d’échelle pour l’hydrogène vert
Le carburant à hydrogène – en particulier l’hydrogène « vert » a été largement renversé pour émerger comme un vecteur d’énergie alternatif à faible teneur en carbone. Mais pour qu’il ait un impact significatif, il y a plusieurs défis de coût et d’échelle à relever.
Dans le cadre du « scénario climatique » du BNEF – qui prévoit des moyens de maintenir le réchauffement de la planète bien en dessous de deux degrés Celsius d’ici 2050 – environ 100 000 térawattheures (TWh) de production d’électricité mondiale seront nécessaires d’ici 2050 pour répondre à la demande croissante.
« Ce réseau électrique est de six à huit fois plus gros que celui d’aujourd’hui. Il a une demande de pointe deux fois plus importante et produit cinq fois plus d’électricité », selon le rapport. « Les deux tiers de cette électricité vont à la fourniture directe d’électricité dans les transports, l’industrie… Le reste sert à fabriquer de l’hydrogène vert. »
Dans le scénario, l’hydrogène vert fournit un peu moins d’un quart de la consommation finale d’énergie au milieu du siècle.
Cela nécessiterait 800 millions de tonnes de combustible et 36 000 TWh d’électricité. Autrement dit 38 % de plus que ce qui est produit dans le monde aujourd’hui. De plus cela nécessitera jusqu’à 130 milliards de dollars de nouveaux investissements au cours des 30 prochaines années.
Cela représenterait environ 60 milliards d’euros dépensés pour la production d’électricité et le réseau électrique pour la fourniture directe d’électricité. Cela représente également entre 11 et 63 milliards d’euros consacrés à la fabrication, au transport et au stockage de l’hydrogène.