La centrale nucléaire de Barakah, située à l’ouest d’Abou Dhabi, devient la première installation nucléaire du monde arabe à atteindre un niveau d’opérationnalité complet. L’Emirates Nuclear Energy Corporation (ENEC) annonce que les quatre réacteurs de la centrale sont désormais en service, produisant 40 térawattheures d’électricité par an, ce qui couvre environ un quart des besoins en électricité des Émirats arabes unis. Ce développement marque une avancée stratégique pour un pays qui cherche à diversifier ses sources d’énergie au-delà du pétrole et du gaz naturel.
Un projet de diversification énergétique en pleine expansion
Les Émirats arabes unis, malgré leur position dominante en tant qu’exportateur de pétrole, accélèrent leurs efforts pour intégrer des sources d’énergie alternatives dans leur mix énergétique. La construction de la centrale de Barakah, débutée en 2012 pour un coût estimé à 24,4 milliards de dollars, fait partie de cette stratégie. La mise en service progressive des réacteurs, de 2020 à 2024, répond à la volonté des Émirats de stabiliser leur réseau électrique et de réduire leur dépendance aux hydrocarbures, tout en favorisant une croissance économique stable.
Barakah n’est pas seulement un projet symbolique. Son apport est essentiel pour l’approvisionnement électrique du pays, particulièrement dans les zones à forte consommation. Le développement du nucléaire civil aux Émirats est également un signal politique fort dans une région où l’énergie est souvent associée à des enjeux stratégiques et géopolitiques.
Impact sur l’industrie locale et implications économiques
L’énergie produite à Barakah sert directement les grandes industries locales, notamment l’Abu Dhabi National Oil Company (ADNOC), ainsi que des entreprises comme Emirates Steel et Emirates Global Aluminium. L’approvisionnement en énergie nucléaire permet à ces entités de stabiliser leurs coûts énergétiques, un facteur crucial dans un environnement de marché volatil. En intégrant l’énergie nucléaire dans leurs chaînes de valeur, ces entreprises réduisent leur dépendance aux combustibles fossiles et sécurisent une partie de leurs opérations à long terme.
La centralisation de l’approvisionnement en énergie à Barakah permet également de libérer une capacité supplémentaire pour d’autres secteurs économiques en croissance. Cette redirection des ressources énergétiques peut soutenir de nouveaux projets industriels et des investissements étrangers, consolidant la position des Émirats en tant que hub économique régional.
Vers un avenir énergétique plus équilibré au Moyen-Orient
Le succès de Barakah pourrait influencer d’autres pays de la région, tels que l’Arabie saoudite, qui envisage également de développer son propre programme nucléaire civil. La décision des Émirats de s’engager pleinement dans le nucléaire est une démonstration de leur capacité à naviguer entre les défis énergétiques et les contraintes politiques internationales, tout en respectant les standards de sécurité et de non-prolifération imposés par les accords internationaux.
Les perspectives énergétiques des Émirats, à travers la diversification et la modernisation de leurs infrastructures, indiquent une volonté de maintenir une avance compétitive dans un marché énergétique global en constante évolution. La mise en service complète de Barakah représente une pièce maîtresse de cette stratégie, offrant un modèle potentiel pour d’autres pays du Moyen-Orient qui cherchent à équilibrer leurs besoins énergétiques avec des considérations économiques et de sécurité.