Les Émirats Arabes Unis, un des principaux producteurs de pétrole au monde, cherchent à diversifier leur mix énergétique en intégrant davantage de sources d’énergie bas carbone. Après la mise en service commerciale de leur première centrale nucléaire en 2021 puis d’un deuxième réacteur en 2022, le gouvernement évalue la construction d’une seconde installation pour répondre à la demande électrique croissante du pays.
Avec une population de près de 10 millions d’habitants et une industrie en expansion, les Émirats Arabes Unis voient dans l’énergie nucléaire une solution viable et durable pour sécuriser leur approvisionnement énergétique futur. La transition vers des sources d’énergie plus propres est également perçue comme un moyen d’attirer davantage d’investissements étrangers.
Considérations et enjeux économiques
Le projet d’une deuxième centrale nucléaire représenterait un investissement de plusieurs dizaines de milliards de dollars. Des pays comme la Chine, la Russie et les États-Unis pourraient soumettre des offres pour la construction de cette nouvelle installation. Selon Hamad Alkaabi, ambassadeur des Émirats Arabes Unis en Autriche et représentant permanent auprès de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), le gouvernement évalue activement cette option, bien qu’aucune décision finale n’ait été prise.
La demande en électricité devrait augmenter de manière substantielle au cours des dix prochaines années, en raison de la croissance démographique et du développement industriel. Le gouvernement n’a pas encore établi de budget précis pour cette nouvelle centrale ni décidé de sa taille ou de son emplacement. Toutefois, il est possible qu’un appel d’offres soit lancé dès cette année.
Analyse des partenariats et des technologies
La nouvelle centrale pourrait comprendre deux à quatre réacteurs, selon la technologie choisie. Alkaabi précise que le processus de sélection des soumissionnaires sera ouvert à tous, sans accorder de favoritisme particulier à Korea Electric Power Corporation (KEPCO), qui a construit la première centrale. KEPCO a remporté un contrat de 20 milliards de dollars en 2009 pour la conception, la construction et l’exploitation de quatre réacteurs dans l’ouest d’Abu Dhabi, près de la frontière saoudienne.
Les discussions avec les principaux développeurs de technologies nucléaires sont en cours, mais aucun nom spécifique n’a été divulgué. Les Émirats Arabes Unis, partenaires proches des États-Unis en matière de sécurité, ont signé un accord de coopération nucléaire avec Washington en 2009, stipulant que leur programme nucléaire est pacifique et destiné uniquement à des fins énergétiques.
Perspectives régionales et géopolitiques
Situés à proximité de l’Iran et de l’Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis évoluent dans un contexte géopolitique complexe. Tandis que l’Iran affirme avoir besoin de l’énergie atomique pour des usages civils, les États-Unis l’accusent de chercher à développer des armes nucléaires. L’Arabie Saoudite, de son côté, est en pourparlers avec les États-Unis pour développer son propre programme nucléaire civil.
Les Émirats s’engagent à acheter le combustible nécessaire à leurs réacteurs sur le marché international, évitant ainsi l’enrichissement domestique de l’uranium et réduisant les risques de prolifération nucléaire. Cette stratégie vise à garantir que leur programme reste exclusivement axé sur la production d’énergie et à éviter toute ambiguïté sur ses intentions.
Alors que les discussions et les évaluations se poursuivent, la perspective de voir les Émirats Arabes Unis renforcer leur infrastructure nucléaire suscite un intérêt considérable. Cette démarche pourrait positionner le pays comme un leader régional en matière de technologies énergétiques durables, tout en répondant à ses besoins croissants en électricité.