Les élections européennes face aux défis climatiques et géopolitiques

Les citoyens européens votent en juin dans un contexte de crises multiples, d'inflation élevée et de guerre, mettant en question les politiques climatiques et favorisant un virage à droite.
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Ébranlés par plusieurs crises ces cinq dernières années, les citoyens de l’EU votent lors des élections de juin avec des préoccupations concernant l’inflation élevée, les coûts énergétiques croissants et la guerre à leurs portes. L’action climatique pourrait être plus difficile à vendre, et les sondages indiquent un virage à droite. Une nouvelle Commission européenne doit également tracer un chemin à travers des relations géopolitiques complexes avec la Chine, un acteur clé des chaînes d’approvisionnement en technologies propres de l’EU. Les électeurs se rendent aux urnes du 6 au 9 juin pour élire les membres du Parlement européen de leurs pays et potentiellement un nouveau président de la Commission.

Contexte politique et économique

La Commission actuelle, dirigée par la présidente Ursula von der Leyen, candidate à sa réélection, introduit depuis 2019 une série de lois significatives sur l’énergie et le climat, à commencer par le Pacte vert européen, visant à faire de l’Europe le premier continent neutre en carbone. Le bloc s’engage à réduire les émissions de 55% d’ici 2030, dans le cadre du plan « Fit for 55 ». Cependant, cette forte emphase sur la neutralité carbone est perturbée par la crise énergétique suivant l’invasion de l’Ukraine par la Russie début 2022. À travers son plan REPowerEU, le bloc cesse presque complètement de recevoir du gaz russe par pipeline, le remplaçant par du GNL provenant de partenaires tels que les États-Unis, la Norvège et l’Azerbaïdjan. REPowerEU vise également à accélérer le déploiement des énergies propres et à se concentrer sur des goulots d’étranglement tels que les permis et la bureaucratie.

Changement de narratif

Les coûts énergétiques croissants et la guerre en Ukraine modifient les attitudes des électeurs et l’ambiance à Bruxelles. Parallèlement, les positions sur la politique climatique sont au cœur des campagnes préélectorales. Les blocs politiques favorables à l’action climatique devraient voir leur représentation diminuer après la formation du nouveau parlement, selon les derniers sondages. En particulier, les factions des Verts et de Renew Europe pourraient subir des pertes, tandis que les groupes de droite devraient gagner des sièges.

« Aucun parti, à l’exception des extrémistes, ne voudrait abandonner tout le travail accompli dans le cadre du Pacte vert », déclare Maximo Miccinilli, vice-président senior et chef de l’énergie et du climat chez FleishmanHillard, une entreprise de communication basée à Bruxelles.

Cependant, le narratif change, et les parlementaires encadrent les politiques vertes comme des remèdes aux défis économiques et sécuritaires.

Mise en oeuvre des lois climat

Alors que la Commission von der Leyen met en place une série de lois ambitieuses sur le climat et l’énergie, la Commission qui sera élue en juin doit mettre en œuvre bon nombre de ces lois et superviser leur transposition dans la législation des États membres. Un domaine où cela est particulièrement évident est la décarbonisation du chauffage.

« Il semble que le moment ne soit pas propice à l’introduction de mandats pour les consommateurs, sauf si l’État peut supporter tous les coûts », déclare Coralie Laurencin, directrice senior de l’équipe des politiques énergétiques et climatiques chez S&P Global Commodity Insights.

Des exemples récents incluent un affaiblissement du mandat de chaleur renouvelable de l’Allemagne, la fermeture par la France des discussions sur l’interdiction des chaudières à gaz, et le Royaume-Uni, qui n’est plus membre de l’EU, revenant sur une proposition d’imposer des pompes à chaleur à ceux utilisant du mazout pour le chauffage, ajoute Laurencin.

Focus sur les énergies renouvelables

Dans le cadre de son plan REPowerEU, la Commission s’engage à accélérer les permis pour les énergies renouvelables dans tout le bloc, mais la mise en œuvre traîne dans certains pays.

« Là où un nouveau Parlement européen et une nouvelle Commission pourraient avoir un impact, c’est sur les règlements qui impactent directement les consommateurs : le nouveau marché du carbone pour les bâtiments et les transports, l’interdiction des moteurs à combustion interne pour 2035 et peut-être le chauffage décarboné », déclare Laurencin. « Je ne vois pas une grande majorité revenir sur les objectifs que nous avons décidés. »

La nouvelle Commission doit également proposer un objectif de réduction des émissions pour 2040, ajoute-t-elle. Alors que le nouveau président de la Commission est chargé de définir le programme pour les cinq prochaines années, son contenu doit trouver le soutien du Parlement européen et du Conseil européen.

« Les opinions sont très polarisées », déclare Hartstein lors d’un webinaire organisé le 21 mai par SolarPowerEurope, un groupe commercial.

Pourtant, des parties du secteur des énergies renouvelables se demandent maintenant si un objectif de 42,5% de production d’électricité à partir de renouvelables d’ici 2030 est réalisable.

« L’ambiance est considérablement moins optimiste et ce n’est pas surprenant car l’ambition est élevée et cela prendra du temps à réaliser », ajoute Laurencin.

Relations avec la Chine

La toile de fond géopolitique des chaînes d’approvisionnement en énergie change également. Avec l’Inflation Reduction Act, les États-Unis introduisent une montagne d’incitations pour le développement et la fabrication d’énergies propres que l’UE ne peut égaler. Parallèlement, une interdiction commerciale des panneaux solaires chinois par les États-Unis amplifie une surabondance d’équipements en Europe, au grand dam des fabricants locaux qui ferment en grand nombre. Un autre test de ceci sera la hausse tarifaire américaine sur les véhicules électriques chinois et d’autres technologies propres, récemment introduite par l’administration Biden.

« L’Europe n’est pas riche en énergie comme les États-Unis et ne peut pas se permettre de domicilier toute la fabrication », déclare Laurencin.

Ajoutant que le Net-Zero Industry Act, qui se concentre sur la diversification de la base de fournisseurs plutôt que de plaider pour une interdiction commerciale, est motivé par la compréhension que l’Europe doit dépendre des importations. En réalité, les tarifs « prohibitifs » des États-Unis mettront l’UE sous pression pour appliquer les siens, écrit le think tank basé à Bruxelles Bruegel dans un document du 16 mai.

Réactions et perspectives

Le secteur éolien est également aux prises avec la Chine. La chaîne d’approvisionnement de l’Europe lutte pour produire la production manufacturière nécessaire pour atteindre les objectifs d’installation de 2030, selon Zipf. Parallèlement, WindEurope fait pression contre les fabricants de turbines chinois qui importent des équipements dans le bloc, et aussi contre de tels acteurs qui installent des sites en Europe.

« L’acceptation n’est plus le même problème qu’auparavant. Tant en termes de sécurité que d’abordabilité, nous sommes bien positionnés », déclare Christoph Zipf, porte-parole de WindEurope, dans une interview sur l’approche du groupe à l’égard des élections de l’UE.

Les élections européennes de juin se déroulent dans un contexte de crises économiques et géopolitiques majeures. Les politiques climatiques, bien que centrales, sont remises en question par les préoccupations économiques et sécuritaires. La nouvelle Commission doit naviguer dans un paysage complexe pour maintenir les engagements climatiques tout en répondant aux défis immédiats posés par l’inflation, les coûts énergétiques et les tensions géopolitiques.

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