Réorienter les chaînes d’approvisionnement en cuivre en dehors de la Chine pose un défi majeur pour les économies mondiales. Selon une analyse de Wood Mackenzie, cette démarche pourrait non seulement engendrer des coûts colossaux mais aussi retarder les objectifs de transition énergétique. L’étude estime qu’il faudrait investir environ 85 milliards de dollars pour établir de nouvelles capacités de fusion et de raffinage en dehors du territoire chinois.
Le cuivre, essentiel à l’électrification, voit sa demande mondiale croître de manière significative. Les projections indiquent une augmentation de 75 % d’ici 2050, atteignant 56 millions de tonnes par an. Dans ce contexte, la capacité de production doit s’adapter rapidement pour répondre à cette demande sans précédent.
La prédominance chinoise dans le secteur du cuivre
La Chine est au cœur de l’industrie mondiale du cuivre, contrôlant 97 % des capacités de fusion et de raffinage. Depuis 2000, elle a été le principal moteur de la croissance de ces capacités, avec plus de 75 % des nouvelles installations à l’échelle mondiale. Ces investissements massifs, dépassant 25 milliards de dollars, ont permis à la Chine d’ajouter 3 millions de tonnes à sa production annuelle de cuivre.
Cette prédominance a des implications directes sur les tentatives de diversification. Les nouvelles installations prévues en Inde, en Indonésie et en République Démocratique du Congo, bien qu’importantes, restent marginales par rapport aux infrastructures chinoises. Par ailleurs, les défis réglementaires en Europe, tels que le Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières de l’Union Européenne, pourraient freiner la compétitivité des acteurs européens face à la Chine.
Enjeux géopolitiques et industriels
La reconfiguration des chaînes d’approvisionnement en cuivre soulève également des questions géopolitiques. La Chine a su asseoir sa domination non seulement par la taille de ses capacités, mais aussi par l’efficacité et la modernisation de ses installations. Le modèle chinois, caractérisé par une capture efficace du dioxyde de soufre et des coûts de production réduits, contraste avec les défis auxquels sont confrontés les producteurs européens et nord-américains.
Aux États-Unis et en Europe, l’accent est davantage mis sur le recyclage et le traitement secondaire du cuivre, plutôt que sur l’expansion des capacités de fusion primaires. Le projet de fonderie secondaire en Géorgie, aux États-Unis, bien que pionnier, reste insuffisant pour concurrencer la puissance industrielle chinoise.
Perspectives pour la transition énergétique
Alors que les initiatives pour diversifier les chaînes d’approvisionnement en cuivre se multiplient, elles sont confrontées à des obstacles significatifs. Le financement de nouvelles capacités de production est freiné par des préoccupations environnementales et sociales, notamment en Europe, où l’opposition à l’ouverture de nouvelles fonderies est particulièrement forte.
Dans ce contexte, la domination de la Chine sur la chaîne d’approvisionnement en cuivre semble difficile à ébranler à court terme. Les choix stratégiques des décideurs devront équilibrer la nécessité de diversifier les sources d’approvisionnement avec les réalités industrielles et financières. Les restrictions commerciales actuelles pourraient également nécessiter des ajustements pour permettre une transition énergétique fluide sans coûts exorbitants pour les contribuables.