Lors du Sommet climatique asiatique 2023, qui s’est tenu au Japon en octobre, des experts ont discuté d’une nouvelle approche prometteuse pour accélérer la transition énergétique : les crédits de transition carbone. Cette initiative vise à financer la retraite anticipée des centrales au charbon, une étape cruciale pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.
L’importance du soutien politique
Cependant, les crédits de transition carbone sont encore à un stade préliminaire de développement et font face à plusieurs défis de mise en œuvre. Les experts ont identifié trois principaux obstacles à surmonter.
L’approche d’accréditation juridictionnelle
Le premier défi majeur réside dans la création d’un cadre complexe pour la mise en œuvre des crédits de transition carbone. Cette approche nécessite des normes et des réglementations strictes pour garantir la transparence et la crédibilité des crédits émis. De plus, il est essentiel de mettre en place des mécanismes de suivi et de vérification robustes pour assurer l’intégrité du système.
La coopération gouvernementale essentielle
Le deuxième défi concerne l’obtention du soutien politique des gouvernements. Les entreprises cherchent à éliminer le charbon de leurs portefeuilles plus rapidement que les objectifs nationaux de neutralité carbone ne l’exigent. Cela crée un décalage entre les engagements des entreprises et les politiques gouvernementales, ce qui rend difficile l’obtention de l’approbation des autorités.
Les crédits de transition carbone : une pièce du puzzle
Enfin, le troisième défi majeur est de fixer un prix du carbone suffisamment élevé pour inciter les entreprises à investir dans les crédits de transition. Les coûts associés à la retraite anticipée des centrales au charbon peuvent être considérables, et il est essentiel que le mécanisme de crédit couvre ces coûts de manière adéquate.
Hendrik Rosenthal, directeur de la durabilité du groupe chez CLP Holdings, une entreprise de production d’électricité, a souligné l’importance de surmonter ces défis. Il a expliqué que CLP s’était engagé à éliminer les actifs à base de charbon d’ici 2040 pour se conformer à l’Accord de Paris, mais que cela pourrait être difficile à réaliser dans certains marchés, comme la Chine et l’Inde, où les objectifs nationaux de neutralité carbone sont fixés pour 2060 et 2070 respectivement.
Mary Grady, directrice exécutive de l’American Carbon Registry, a présenté une approche d’accréditation juridictionnelle pour les crédits de transition carbone. Cette approche permettrait d’adapter les besoins de déclassement des centrales au charbon à des régions spécifiques, en prenant en compte les politiques régionales et nationales, ainsi que la demande locale en électricité.
John Lo, fondateur d’ACI, un nouveau registre carbone basé à Singapour, a souligné l’importance de la coopération avec les gouvernements pour éviter les problèmes d’intégrité. Il a noté que des incitations financières gouvernementales et bancaires seraient nécessaires pour faciliter la transition hors du charbon.
Enfin, il est essentiel de reconnaître que les crédits de transition carbone ne sont qu’une pièce du puzzle pour accélérer la transition énergétique. D’autres mesures, telles que le soutien aux énergies renouvelables, la construction d’infrastructures de stockage d’énergie et le soutien aux travailleurs licenciés des centrales au charbon, sont également nécessaires pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de carbone.