Les cours du pétrole ont connu une forte hausse mardi, stimulés par la perspective d’une possible réduction de production de l’Opep, les problèmes mécaniques d’un important terminal de la mer Noire et les attentes d’une nouvelle baisse des réserves américaines d’or noir.
Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en octobre, a gagné 3,87%, à 100,22 dollars, pour la première fois au-dessus de 100 dollars en clôture depuis trois semaines.
Le prix du baril de West Texas Intermediate (WTI), avec échéance également en octobre, dont c’était le premier jour d’utilisation, a lui pris 3,74%, à 93,74 dollars.
“Depuis un mois, le marché était très focalisé sur la baisse de la demande aux Etats-Unis” et en Chine, avec la crainte d’une récession mondiale, “et les prix avaient chuté”, a rappelé Eli Rubin, d’EBW Analytics Group. “Là, on se concentre de nouveau sur l’offre.”
En tête d’affiche, les propos du ministre saoudien de l’Energie, Abdulaziz ben Salmane, qui a évoqué une possible réduction de la production de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et de ses alliés de l’accord Opep+ pour stabiliser les cours, trop volatils selon lui et déconnectés de l’économie réelle.
Plusieurs représentants de pays d’autres membres de l’Opep, cités mardi par le Wall Street Journal, sous couvert d’anonymat, se sont dits ouverts à une telle option, a fortiori en cas de nouveaux signaux annonçant une récession.
L’agence Reuters a, elle, cité des sources indirectes estimant qu’une réduction de production n’était pas imminente et qu’elle dépendrait en grande partie de l’issue des discussions sur le nucléaire iranien.
Plus d’une semaine après avoir répondu à la proposition de texte de l’Union européenne, Téhéran s’impatiente faute d’avoir obtenu une réponse formelle des Etats-Unis.
Un accord permettrait de libérer rapidement environ 100 millions de barils de stocks iraniens, à quoi s’ajouteraient au moins un million de barils par jour de production dans des délais rapprochés.
L’autre coup de projecteur sur l’offre est venu de Russie. Les opérateurs de l’oléoduc CPC (ou KTK), qui achemine l’essentiel des exportations de pétrole kazakh vers le terminal russe de Novorossisk, sur la mer Noire, ont fermé deux des trois points de ravitaillement offshore, endommagés.
Les approvisionnements des tankers ne se font plus que par un seul point, le troisième, ce qui limite les volumes exportés, jusqu’à nouvel ordre.
Dernière source de tension sur le marché, mardi, la perspective d’une nouvelle baisse importante des stocks de brut aux Etats-Unis, qui sont déjà inférieurs de 6% à la moyenne des cinq dernières années à la même époque.
Les analystes prévoient une contraction de 2,5 millions de barils sur la semaine, avant la publication du chiffre officiel, mercredi.
Ailleurs sur le marché de l’énergie, le gaz naturel américain a enregistré mardi un nouveau plus haut depuis 14 ans, à 10,028 dollars par million d’Unités thermales britanniques (BTU), référence anglo-saxonne.
Contrairement à l’Europe, les Etats-Unis sont autosuffisants en gaz naturel, mais les opérateurs s’inquiètent du faible niveau des stocks à l’approche de la saison froide, selon Eli Rubin.
“Certains craignent qu’en cas d’hiver extrêmement froid, les Etats-Unis ne soient pas en mesure d’assurer leurs besoins et d’exporter vers l’Europe”, dit-il, ce qui mettrait encore davantage en difficulté cette dernière.