A la suite de la décision de la Cours Suprême le jeudi 30 juin, les investisseurs engagés demandent aux entreprises énergétiques de ne pas relâcher leurs efforts de décarbonisation.
Une montée de l’activisme dans le privé
Le 30 juin, la Cours Suprême américaine a jugé que l’agence de protection environnementale (EPA) n’a plus l’autorité d’imposer quelconque régulations sur les taux d’émissions de CO2 des centrales à charbon et à gaz. L’EPA est l’agence fédérale principale pour le contrôle des émissions de carbone du pays. Cela signifie donc que les efforts publiques pour combattre le changement climatique et la pollution de l’air vont être freinés.
En conséquence, de nombreux investisseurs activistes aux remettent cette responsabilité sur le secteur privé directement.
Andrew Behar, directeur général de As You Sow explique que de part son jugement, la Cour Suprême a essentiellement transformé le rôle de régulateur en un rôle d’autorégulateur au sein des compagnies énergétiques directement.
As You Sow, fondée en 1992, est une organisation à but non lucratif qui promeut la responsabilité sociétale des entreprises (RSE).
En particulier, elle pousse pour l’engagement des entreprises à mettre en place des politiques d’entreprises environnementales. Ils ont par exemple réussi à pousser ExxonMobil à publier un rapport sur leurs actifs menacés par le changement climatique.
Des efforts environnementaux qui persévéreront
Malgré la décision de la Cours Suprême, Andrew Behar est optimiste. Il indique que les directeurs et chefs d’entreprise dans le secteur de l’énergie deviennent de plus en plus ouverts aux changements proposés par ceux comme As You Sow.
D’après lui, le dérèglement climatique représente une menace pour les affaires de tout le monde. Le jugement impute encore plus de responsabilités aux entreprises face à leurs parties prenantes. D’autant plus que les investisseurs incluent les indicateurs en matière d’éthique, sociale et de gouvernance (ESG) dans leurs choix d’investissements de plus en plus.
C’est pour cela que de multiples entreprises énergétiques aux États-Unis déclarent déjà de nouvelles ambitions ou du moins, une promesse de maintenir leurs projets actuels de réduire leurs émissions.
Duke Energy par exemple rassure leurs investisseurs en affirmant qu’ils s’engageront à devenir un réel leader dans le combat contre les émissions de gaz à effets de serre.
De plus, la décision de la Cour ne va pas impacter leurs objectifs d’exclure complètement le charbon d’ici 2035. Par exemple, Southern Co promet de publier plus de détails sur leurs émissions carbone.
Mindy Lubber, la présidente de Ceres, une ONG environnementale à Boston, travaille avec de nombreux gestionnaires et investisseurs. Elle indique que ces entreprises ont déjà investi massivement dans de nouvelles technologies et sources d’énergie décarbonées comme le solaire et les batteries.
De fait, elles ne voudront pas avoir de tels actifs abandonnés. Mindy Lubber pense même, que ces compagnies vont être poussées à accélérer leurs efforts pour réduire leurs émissions.
Un précédent juridique
La décision de la Cour Suprême pourrait pousser la responsabilité d’efforts environnementaux du public au privé de façon plus large. En effet, en retirant cette autorité de l’EPA, d’autres agences fédérales pourraient se voir cibler à l’avenir.
Par exemple, la ‘U.S. Securitites and Exchange Commission’ peut potentiellement avoir sa propre autorité remise en question. Cette agence fédérale possède actuellement le pouvoir de forcer les entreprises énergétiques à publier publiquement leurs niveaux d’émissions. Or, après le jugement rendu sur l’EPA, cette capacité de la Commission pourrait être visée.