Les pays du groupe BRICS, regroupant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, ont adopté officiellement un nouveau cadre commun de financement climatique. Ce dispositif a pour principal objectif de renforcer l’accès des pays émergents à des ressources financières permettant de répondre aux exigences internationales en matière climatique. Cette initiative intervient à quelques mois du lancement officiel du Fonds de protection des forêts tropicales porté par le Brésil, dont la mise en place effective est prévue lors de la prochaine conférence des Nations unies sur le climat, la COP30. Dans ce contexte, les dirigeants des BRICS ont également exprimé leur opposition ferme aux mécanismes de taxes carbone à la frontière, connus sous le nom de Carbon Border Adjustment Mechanisms (CBAM).
Une critique frontale du CBAM européen
Le CBAM est une mesure mise en place par l’Union européenne qui impose une taxe sur les importations de produits issus de pays ne disposant pas d’un système de tarification carbone équivalent. Actuellement, les secteurs concernés sont notamment l’acier, l’aluminium, le ciment, les fertilisants, l’électricité et l’hydrogène. Plusieurs pays, comme le Royaume-Uni, la Norvège et potentiellement l’Australie, envisagent de mettre en place leurs propres mécanismes similaires à partir de 2027. Toutefois, les nations émergentes et en développement critiquent ces dispositifs, soulignant les risques économiques qu’ils engendrent pour leurs exportations vers l’Europe, marché stratégique pour leurs économies industrielles.
Cette critique des BRICS se base notamment sur l’idée que ces mécanismes unilatéraux pourraient être utilisés comme instruments de protectionnisme déguisé, limitant leur capacité d’investir librement dans leur propre transition énergétique et industrielle. Le groupe a insisté sur les impacts potentiels de ces taxes sur leurs économies, particulièrement dans un contexte global où l’accès au financement climatique demeure complexe pour de nombreuses nations. Les dirigeants des BRICS dénoncent explicitement ces initiatives comme étant contraires aux principes du commerce international équitable.
Nouveaux mécanismes de financement climatique
Dans le cadre de leur nouvelle stratégie, les pays des BRICS annoncent également la création prochaine d’un partenariat dédié aux marchés du carbone, avec un objectif clair de renforcer les capacités techniques et financières de leurs membres. Ce partenariat vise notamment à développer l’échange de connaissances et d’expériences en matière de gestion et de régulation des émissions de carbone. À terme, ce partenariat pourrait ouvrir la voie à une harmonisation partielle des approches nationales, facilitant ainsi les échanges internes au groupe et renforçant leur poids dans les négociations climatiques internationales.
Le Brésil, qui accueillera la COP30 en novembre prochain à Belém, joue un rôle central dans cette nouvelle dynamique. La création du Fonds Tropical Forest Forever Facility, soutenu par les autres membres des BRICS, propose un mécanisme financier fondé sur des paiements aux résultats obtenus en matière de préservation forestière. Ce fonds ambitionne de mobiliser des financements à long terme, en intégrant directement les communautés locales et indigènes dans la gestion concrète des projets financés. Le gouvernement brésilien considère cette démarche comme un levier pour élargir les opportunités d’investissements durables, tout en consolidant sa position diplomatique internationale.
Un contexte climatique en évolution constante
Ce nouveau cadre des BRICS intervient peu après les annonces de la COP29 à Bakou, durant laquelle les pays participants avaient convenu de tripler le financement climatique en direction des pays vulnérables. Un accord y avait aussi été trouvé sur les règles fondamentales d’un marché mondial de carbone. Néanmoins, l’inquiétude demeure au sein de nombreuses économies émergentes quant aux possibles effets néfastes des mesures telles que le CBAM européen sur leur développement économique futur.
Parallèlement, le marché mondial du carbone continue de se structurer, avec des disparités importantes entre les prix des permis d’émission d’une région à l’autre. À titre d’exemple, le marché chinois, qui couvre aujourd’hui principalement le secteur énergétique, ambitionne d’intégrer progressivement plusieurs secteurs industriels majeurs, parmi lesquels figurent la sidérurgie, la pétrochimie, ou encore l’aviation civile, avant la fin de la décennie. D’autres économies émergentes comme l’Inde, le Mexique, l’Argentine et l’Indonésie travaillent aussi à consolider leurs propres systèmes d’échanges d’émissions, illustrant la dynamique croissante des marchés carbone nationaux en dehors de l’Union européenne.