La production mondiale de biogaz pourrait atteindre l’équivalent de près de 1 000 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an, selon une nouvelle évaluation géospatiale publiée par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) le 28 mai. Ce volume représenterait environ 25 % de la demande mondiale annuelle actuelle de gaz naturel.
L’étude, intitulée The Outlook for Biogases and Biomethane, repose sur une analyse inédite de plus de cinq millions de sites potentiels dans le monde. Elle se concentre sur les intrants durables, comme les déchets organiques agricoles et municipaux, qui peuvent être valorisés sans concurrencer les usages alimentaires. Ces ressources sont particulièrement abondantes dans les économies émergentes, qui concentrent près de 80 % du potentiel mondial identifié.
Des technologies matures et une production locale
Les chaînes d’approvisionnement et les technologies nécessaires à la production de biogaz sont largement disponibles et éprouvées. Le rapport souligne que ces carburants sont généralement produits à proximité des lieux de consommation, avec des matériaux souvent d’origine nationale. Ils peuvent être utilisés directement pour la production de chaleur ou d’électricité, tandis que le biométhane, forme épurée du biogaz, peut être injecté dans les réseaux gaziers existants sans modification majeure.
Selon l’AIE, ces caractéristiques en font un levier pour renforcer la sécurité énergétique tout en soutenant les économies locales, notamment rurales. Le rapport dénombre plus de 50 nouvelles politiques publiques adoptées depuis 2020 pour soutenir le développement du secteur.
Des freins réglementaires et économiques persistants
Malgré cet intérêt croissant, le biogaz reste peu présent dans le mix énergétique mondial. Moins de 5 % du potentiel durable est actuellement exploité. Le rapport identifie plusieurs obstacles, dont des délais administratifs pouvant atteindre sept ans pour l’obtention des autorisations nécessaires à un projet.
Les coûts de production du biométhane demeurent aussi supérieurs à ceux du gaz naturel dans de nombreux marchés. Toutefois, l’analyse de l’AIE montre que jusqu’à cinq fois la production actuelle de biométhane pourrait être développée à des coûts équivalents ou inférieurs aux prix de gros actuels du gaz naturel, si certaines mesures ciblées, telles que la tarification du dioxyde de carbone (CO₂), étaient mises en place.
Un outil interactif pour visualiser le potentiel mondial
En complément du rapport, l’AIE a publié un outil cartographique interactif permettant de visualiser le potentiel mondial des biogaz, ainsi que des fiches régionales présentant les types et quantités de matières premières disponibles. L’institution espère ainsi fournir aux décideurs publics et aux investisseurs une base concrète pour planifier le déploiement du secteur.
« Le potentiel est particulièrement significatif dans les économies émergentes et en développement », a déclaré le Directeur exécutif de l’AIE, Fatih Birol. « Ce rapport met en lumière les mesures supplémentaires que les gouvernements peuvent prendre pour exploiter pleinement cette ressource énergétique. »