Les grandes banques françaises ont poursuivi leurs investissements dans le secteur du charbon entre 2021 et 2023, contredisant ainsi leurs engagements antérieurs de sortie de ce secteur, selon une étude récente de l’ONG Reclaim Finance. Cette persistance dans le financement de projets charbonniers survient malgré les déclarations publiques de désengagement de ces institutions financières.
Malgré une diminution générale des financements accordés au charbon depuis 2019, l’analyse de Reclaim Finance révèle que de nombreuses transactions controversées ont eu lieu entre 2021 et 2023. Ces transactions concernent le développement de nouvelles mines ou centrales à charbon, indiquant une continuité des investissements dans un secteur en déclin.
Réactions des Banques Concernées
La Fédération bancaire française (FBF) a réagi en affirmant que toutes les banques françaises ont pris des engagements collectifs pour sortir du charbon thermique d’ici 2030 dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et d’ici 2040 pour le reste du monde. Selon la FBF, aucune banque française ne finance de nouveaux projets de charbon thermique ou ne collabore avec des clients dont la production d’électricité à base de charbon dépasse un certain seuil.
De son côté, la Société Générale a déclaré que la majorité des opérations mentionnées dans le rapport de Reclaim Finance sont anciennes et ne reflètent pas les désengagements significatifs réalisés en 2020 et 2021. Elle précise que la part du charbon thermique dans son portefeuille de crédits représentait fin 2023 moins de 0,1% des encours totaux.
Impact et Perspectives
BNP Paribas et BPCE ont qualifié leur exposition au charbon de « résiduelle », avec moins de 0,1% du total de leurs expositions globales de prêts aux entreprises. BNP Paribas a également souligné une forte baisse des montants accordés au secteur du charbon entre 2019 et 2023, avec une diminution de 60%.
Le Crédit Agricole a indiqué que son exposition au charbon représente environ 0,02% de son bilan à fin 2023 et continue de diminuer dans un contexte mondial où le développement du charbon se poursuit. L’ONG Reclaim Finance appelle l’Autorité des marchés financiers à obliger les banques à corriger ces pratiques, les qualifiant de « greenwashing » en raison de la contradiction entre leurs financements et leurs engagements publics.
Conformité aux Objectifs Européens
Les transactions de ces banques ne constituent pas d’infractions directes, car l’objectif européen de sortie du charbon a été fixé à 2030. Cependant, la persistance des financements problématiques soulève des inquiétudes quant à la capacité des banques françaises à respecter pleinement leurs engagements environnementaux.
Conclusion
La continuité des investissements dans le charbon par les grandes banques françaises met en lumière les défis liés à la transition énergétique et à la mise en œuvre des engagements environnementaux. Alors que les institutions financières déclarent une désinvestissement progressif, les actions concrètes semblent tarder, nécessitant une vigilance accrue de la part des régulateurs et des organisations environnementales.