Les banques européennes sont une nouvelle fois sous le feu des critiques. Un rapport publié jeudi par l’ONG Reclaim Finance révèle que depuis 2021, ces institutions ont participé à près de mille transactions soutenant des entreprises actives dans le secteur pétrolier et gazier. Cette analyse, qui concerne 20 grandes banques, montre une implication soutenue de groupes bancaires dans le financement d’acteurs majeurs de l’industrie fossile tels que TotalEnergies, Shell ou BP.
Parmi les institutions financières les plus engagées dans ces transactions figurent la Société Générale et le groupe BPCE, connu pour regrouper les Banques populaires et Caisses d’épargne ainsi que certaines branches de Natixis. L’ONG précise que ces banques se démarquent cette année par leur participation aux émissions obligataires en faveur de sociétés d’extraction de pétrole et de gaz.
Des financements au détriment des énergies renouvelables
Reclaim Finance souligne que, bien que les banques mettent en avant leurs engagements envers la transition énergétique, la majeure partie de leurs financements continue de se concentrer sur les activités fossiles de leurs clients. Selon l’ONG, ces investissements ne visent pas les énergies renouvelables mais maintiennent plutôt les opérations liées aux hydrocarbures, malgré les objectifs de décarbonation affichés par certains de ces groupes financiers.
En réponse à ces accusations, Société Générale affirme avoir réduit son exposition aux industries pétrolière et gazière de plus de 50 % par rapport à 2019. Dans sa déclaration, la banque française soutient que son objectif de réduction des financements au secteur fossile est ambitieux et fait partie intégrante de sa feuille de route pour la décarbonation.
Un rôle persistant des énergies fossiles
Le groupe BPCE, de son côté, a justifié ses choix en mettant en avant une approche « sélective » de ses financements, qui prendrait en compte les plans de transition des entreprises soutenues. Selon BPCE, la demande croissante d’énergies fossiles justifie en partie leur implication, les énergies renouvelables ne pouvant encore remplacer totalement les hydrocarbures dans le mix énergétique mondial actuel.
Néanmoins, l’argument de la phase de transition avancé par les banques peine à convaincre les ONG. Elles estiment que de tels financements retardent davantage l’échéance d’un abandon des énergies fossiles en Europe et nuisent aux efforts internationaux de lutte contre le changement climatique.
Un appel à des mesures immédiates
Reclaim Finance, appuyée par d’autres ONG comme Réseau Action Climat et WWF Europe, a directement interpellé les dirigeants de plusieurs banques impliquées. Dans des courriers adressés notamment aux responsables de BPCE et Société Générale, l’ONG les exhorte à « adopter les mesures qui s’imposent d’urgence pour empêcher l’expansion des énergies fossiles ». Cet appel vise à obtenir des engagements concrets et immédiats en matière de financement des énergies propres, alors que les banques sont accusées de maintenir une forte implication dans le secteur fossile.
Le rapport met également en lumière la politique insuffisante de ces institutions concernant le gaz naturel liquéfié (GNL). Selon Reclaim Finance, les financements liés aux infrastructures de GNL, dont les terminaux, restent largement négligés dans les objectifs de décarbonation affichés par les banques.