L’Équateur, confronté à une crise énergétique sévère, cherche à diversifier rapidement ses sources d’approvisionnement. La dépendance excessive à l’hydroélectricité a été mise en lumière par une sécheresse prolongée qui a réduit les réserves d’eau des barrages au strict minimum. Face à cette situation, les autorités testent une centrale flottante de 100 mégawatts, une première dans le pays, pour atténuer les coupures de courant qui affectent l’économie locale.
Le vice-ministre de l’Électricité et des Énergies renouvelables, Rafael Quintero, indique que cette période de test initiale ne durera que deux jours. L’objectif est d’entrer en phase opérationnelle rapidement pour stabiliser la production électrique et éviter des coupures récurrentes. La centrale flottante est ancrée à Guayaquil, sur le fleuve Guayas, une localisation stratégique pour la distribution d’électricité.
Caractéristiques techniques de la centrale flottante
La centrale flottante utilisée en Équateur, de la classe Khan de Karpowership, est capable de générer entre 415 et 470 MW. Ce type de navire mesure environ 300 mètres de longueur et 50 mètres de largeur, avec une hauteur de 50 mètres. Sa faible profondeur d’ancrage, de 5 à 7 mètres, permet une installation rapide dans des ports disposant de conditions marines adéquates. Ces Powerships sont équipés de moteurs à double combustible (Dual-Fuel) qui utilisent du fioul à faible teneur en soufre, du gaz naturel ou du gaz naturel liquéfié (LNG), offrant ainsi une flexibilité en matière de sources d’énergie. Une sous-station haute tension est intégrée à bord, facilitant la connexion directe au réseau de transmission électrique sans besoin d’infrastructure supplémentaire sur terre.
Défis structurels et besoins de diversification
Le système électrique équatorien est sous pression depuis des mois, notamment en raison d’une infrastructure vieillissante incapable de répondre aux besoins croissants. En avril, des coupures d’électricité pouvant atteindre 13 heures ont paralysé certaines régions. En juin, une panne généralisée a mis en évidence la fragilité du réseau, tandis que des erreurs humaines ont récemment provoqué des interruptions de plusieurs heures.
Pour Rafael Quintero, il est urgent de diversifier les sources d’approvisionnement et de renforcer le réseau existant. La centrale flottante représente une solution temporaire pour pallier le déficit énergétique. À plus long terme, la modernisation des infrastructures électriques est cruciale pour garantir un approvisionnement stable et fiable, essentiel pour le développement économique.
Les implications pour le secteur énergétique
L’arrivée de la centrale flottante marque une étape dans la gestion de la crise énergétique par le gouvernement équatorien. Ce projet, tout en répondant à un besoin immédiat, soulève des questions sur la stratégie énergétique à long terme du pays. L’Équateur pourrait être amené à reconsidérer son mix énergétique, en augmentant la part des sources d’énergie thermique ou d’autres alternatives pour mieux gérer la variabilité de l’hydroélectricité.
Cette situation reflète également une tendance plus large dans les marchés émergents, où la flexibilité et la rapidité de déploiement des technologies énergétiques deviennent des critères cruciaux. Pour les opérateurs et les investisseurs, la capacité à répondre rapidement aux crises tout en intégrant des solutions innovantes pourrait devenir un atout majeur.
Appel à la gestion rationnelle de l’énergie
Les autorités appellent également les grandes industries et entreprises disposant de capacités de production autonome à ne pas dépendre exclusivement du réseau national. Cette mesure vise à alléger la charge sur le système électrique public et à permettre une meilleure gestion de l’offre et de la demande, cruciales pour éviter de nouvelles coupures prolongées.
L’Équateur, tout en naviguant dans cette période de turbulence énergétique, se trouve à un carrefour où chaque décision de politique énergétique pourrait avoir des implications économiques significatives. Les choix faits aujourd’hui détermineront non seulement la stabilité du réseau électrique, mais aussi la compétitivité du pays sur le long terme.