L’Épineuse Question des Énergies Fossiles « Unabated » sera abordée à la COP28, prévue du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï. Mais que signifie réellement ce terme, et quelles conséquences aurait son adoption pour l’avenir de notre planète ? Cette question est au cœur des débats actuels, et elle pourrait avoir un impact considérable sur la lutte contre le changement climatique.
Un Terme Ambigu à la Croisée des Chemins
Depuis un an, le terme « unabated » est devenu un sujet de préoccupation majeur. Le G7 a appelé au printemps à accélérer l’abandon des énergies fossiles, le premier bilan officiel de l’accord de Paris a souligné la nécessité de sortir au plus vite de ces énergies, et les 27 pays de l’UE tentent actuellement de définir une position commune pour la COP28. Mais que recouvre exactement ce terme « unabated » ? Est-ce une réelle opportunité de mettre fin à l’utilisation des combustibles fossiles, ou bien une échappatoire pour l’industrie pétrogazière ?
La Quête d’une Définition Claire
Il est essentiel de noter qu’il n’existe pas de définition internationalement reconnue de ce que signifient les termes « unabated » ou « abated ». La note de bas de page du dernier rapport du Giec nous dit que les combustibles fossiles « unabated » sont ceux produits et consommés « sans mesure permettant de réduire de manière substantielle » la quantité de gaz à effet de serre émis tout au long du cycle. Cela peut inclure le captage d’au moins 90% des émissions de CO2 des centrales électriques ou de 50 à 80% du méthane lors de la production et du transport des hydrocarbures. Cependant, cette définition laisse des questions en suspens, comme la nécessité d’exclure la compensation carbone et la permanence du captage du CO2.
Le Bras de Fer Autour du Captage et du Stockage du Carbone
Le débat autour du terme « unabated » se concentre principalement sur le captage et le stockage du carbone, promus par l’industrie pétrogazière et certains pays producteurs. Ces technologies, bien que jugées nécessaires par une petite proportion du Giec, sont critiquées pour être potentiellement utilisées comme justification pour étendre la production de combustibles fossiles au lieu de favoriser les alternatives.
Vers une Décision Cruciale à la COP28
La quantité d’émissions qui doit être retenue pour considérer la combustion comme suffisamment « abated » reste floue. Cela laisse place à de multiples interprétations. Des garde-fous tels que des taux de captage supérieurs à 95%, un stockage permanent, l’exclusion des compensations carbone, et la couverture de l’ensemble du cycle de vie des combustibles fossiles sont suggérés par plusieurs experts.
Cependant, il est important de noter que peu de centrales utilisent actuellement ces technologies. Ces dernières sont considérées comme coûteuses et n’ayant pas encore fait leurs preuves à grande échelle, selon l’Agence internationale de l’énergie.
Des Positions Divergentes à la COP28
La position du président de la COP28, Sultan Al Jaber, diverge de celle de certains pays qui réclament un abandon total des combustibles fossiles. Alors que certains pays insulaires, menacés par la montée des eaux, réclament un « traité de non-prolifération » des combustibles fossiles, d’autres, dont la France, l’Autriche, l’Espagne, et les Pays-Bas, appellent à une « élimination progressive des combustibles fossiles », qu’ils soient « unabated » ou non. Cette divergence de points de vue devrait être au cœur des négociations lors de la COP28.
En somme, le terme « unabated » est devenu un enjeu majeur dans la lutte contre le changement climatique. La question de savoir ce qu’il englobe et ce qu’il exclut demeure floue, et les décisions à venir à la COP28 seront largement « ouvertes à interprétation ». Il est essentiel de définir des normes claires pour éviter toute ambiguïté et garantir une transition énergétique réussie.