L’énergie éolienne et solaire a représenté un record de 18 % de la production d’électricité en Turquie en 2024, selon une analyse publiée par le groupe de réflexion britannique Ember le 19 mars. Cette progression marque un tournant pour un pays historiquement dépendant du charbon, du gaz naturel et de l’hydroélectricité. En 2024, la production éolienne a constitué 11 % du total, tandis que le solaire a atteint 7,5 %, porté par une croissance annuelle inédite de 39 %, soit 7,3 térawattheures supplémentaires.
Un développement tiré par l’augmentation de capacité installée
Depuis 2010, la Turquie a progressivement diversifié ses sources d’énergie, l’éolien étant le premier à s’imposer parmi les renouvelables non hydrauliques. Le développement du solaire, en revanche, s’est accéléré plus récemment, en réponse à une politique nationale d’expansion des capacités. En 2018, le solaire représentait seulement 2,2 % de la production électrique du pays. Cette évolution rapide s’inscrit dans une dynamique plus large à l’échelle européenne, même si plusieurs pays de l’Union européenne affichent des parts encore supérieures.
La Roumanie, par exemple, a doublé sa part solaire entre 2023 et 2024, atteignant 7,8 %, tandis que les pays d’Europe du Sud comme l’Espagne, l’Italie, la Grèce et le Portugal enregistrent des taux de 14 % à 22 %. Malgré un potentiel solaire inférieur, la Pologne génère désormais 9 % de son électricité à partir du solaire, ce qui met en lumière la marge de progression encore possible pour Ankara.
Une dépendance persistante au charbon importé
En parallèle, la Turquie reste le pays européen le plus dépendant au charbon pour sa production d’électricité, avec une part de 36 % en 2024, loin devant la moyenne européenne de 10 %. Cette année-là, la Turquie a généré 122 térawattheures d’électricité à partir du charbon, dépassant les volumes de l’Allemagne (104 TWh) et de la Pologne (91 TWh), pays pourtant historiquement producteurs.
Le recours massif au charbon repose en grande partie sur des importations : 61 % du charbon utilisé dans les centrales turques provient de l’étranger, tout comme 96 % du gaz naturel consommé dans tous les secteurs. Cette dépendance accentue la vulnérabilité énergétique du pays, notamment lors des périodes de sécheresse impactant l’hydroélectricité.
Objectif 2035 : quadrupler les capacités renouvelables
Face à ces enjeux, les autorités turques ont fixé des objectifs ambitieux à l’horizon 2035, prévoyant de quadrupler la capacité installée en éolien et en solaire. Si ces cibles sont atteintes, Ember estime que la part de ces deux sources dans le mix énergétique pourrait atteindre 49 %, tandis que la production d’électricité fossile tomberait sous la barre des 20 %.
Une telle transition permettrait de réduire significativement la dépendance de la Turquie aux importations énergétiques, tout en renforçant sa résilience face aux aléas climatiques affectant les ressources hydrauliques.