L’Energy Transitions Commission (CTE) met en garde contre un usage irraisonné de la biomasse. Dans son rapport, elle analyse ainsi les enjeux économiques, dresse un état des lieux de l’usage des énergies renouvelables et préconise des solutions quant à leur avenir.
L’Energy Transitions Commission au service des industries et des gouvernements
Le rapport de l’Energy Transition Commission (CTE), Bioressources within a Net-Zero Emissions Economy : Making a Sustainable Approach Possible, émane d’une coalition de plus de 45 entreprises mondiales du secteur énergétique. Industries, institutions financières et défenseurs de l’environnement, tels que Iberdrola ou le World Resources Institute en font partie.
L’objectif du rapport est d’inviter l’industrie et les décideurs à donner la priorité à l’usage des bioressources pour le secteur des matériaux, de l’aviation ainsi que certaines industries de niche. Les conclusions du rapport sont réalisées par des analyses de partenaires tels que l’Agence internationale de l’énergie (IEA).
Une demande supérieure à l’offre de biomasse
La demande croissante de bioressources pourrait excéder l’offre sur les marchés. Pourrait ainsi nuire aux changements déjà mis en place. En effet, toutes les formes d’utilisation de la biomasse ne sont pas bénéfiques à l’environnement. Pour cause, pour être durable, la biomasse doit avoir une émission de gaz faible tout au long de sa vie. En d’autres termes, le coût d’opportunité doit être faible.
La concurrence des terres cultivables
D’une part, la production de biomasse ne doit pas entrer en concurrence avec l’usage des sols à des fins alimentaire, ni entraîner un changement de nature des sols qui engendrerait une libération. La déforestation massive, par exemple, va ainsi totalement à l’encontre d’une énergie bas carbone.
Effectivement, elle peut avoir un effet négatif sur la biodiversité et santé des différents écosystèmes. Le rapport de la CTE préconise donc de limiter la production de biomasse à des terres dégradées ou des pâturages non utilisés.
Plus utile en matériel de construction qu’en source d’énergie ?
En outre, le rapport souligne que la biomasse est davantage utile comme matériel de construction que comme source d’énergie. En effet, les principales utilisations de la biomasse sont le papier ou encore les matières recyclées servant à l’industrie plastique. Elles évitent donc la pollution atmosphérique due à la combustion de bois.
En tant que source d’énergie, les biomasses ne sont ni les plus efficaces, ni les plus rentables. Il n’y a que dans le secteur de l’aviation que l’usage de biocarburants est prometteur. Mais pour l’instant, ils ne sont pas en mesure de répondre aux besoins du secteur. Toutefois, les investissements massifs dans le développement des carburants synthétiques et la baisse des coûts pourrait changer la donne.
Quatre priorités pour l’usage de la biomasse
Le rapport s’adresse aux industries du secteur et aux différents gouvernements. Il faut donc que des options alternatives sans carbone soient rapidement développées et que tout soit mis en œuvre par la puissance publique pour les avantager. Il définit quatre priorités quant à l’avenir de l’utilisation des biomasses.
La première défini des normes de durabilité plus claire, qui interdisent la conversion d’écosystèmes préservés. La deuxième est de rechercher d’autres possibilités d’accroître l’approvisionnement durable. Ceci passe par exemple par l’amélioration de la collecte de déchets ou l’innovation dans la production d’algues. La troisième est de créer un environnement propice à l’utilisation prioritaire des bioressources.
Enfin, le rapport recommande de soutenir les technologies de pointe qui participent à une utilisation efficace et durables des bioressources. En outre, il préconise également de mettre en place une tarification économique du carbone plus sévère favorisant l’usage de biomasses.
Ainsi, le rapport de l’Energy Transitions Commission alerte sur l’usage des biomasses dans certaines circonstances. Si elles peuvent être bénéfiques pour l’environnement dans certaines circonstances, elles doivent être utilisées avec parcimonie. Le rapport dresse donc une ligne de conduite à suivre afin d’éviter que la demande ne dépasse de trop l’offre.