L’énergie électrique, un besoin fondamental de notre ère moderne, trouve en Serbie une source peu commune : le charbon. Dans le bassin de Kolubara, l’un des sites miniers les plus imposants du pays, des milliers d’ouvriers extraient chaque année des millions de tonnes de charbon. Cette ressource fossile est au cœur de la production d’électricité serbe, générant près de 70 % de l’énergie du pays. Cependant, alors que le monde s’engage vers la transition énergétique, la Serbie demeure profondément ancrée dans sa dépendance au charbon.
La Centrale de Tamnava-Ouest
La centrale à charbon de Tamnava-Ouest, située à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de Belgrade, est un exemple concret de cette dépendance. En activité depuis les années 1990, elle continue d’opérer sans signe de fermeture imminente. Malgré les plans de réduction des émissions, la part du charbon dans le mix énergétique serbe reste inchangée depuis trois décennies.
Cette situation présente un avantage économique certain pour la Serbie, avec l’un des prix de l’électricité les plus bas en Europe. En juin dernier, un kilowattheure coûtait en moyenne seulement 0,096 euro en Serbie, comparé à la moyenne de 0,289 euro dans l’Union européenne.
Cependant, cette dépendance au charbon n’est pas sans conséquences. Les émissions de dioxyde de soufre (SO2) provenant du charbon dépassent de cinq à six fois les limites autorisées pour les centrales thermiques serbes. Cela a conduit le Renewables and Environmental Regulatory Institute (RERI) à faire reconnaître en justice les effets néfastes de ces émissions sur la santé et l’environnement.
La Transition Incertaine
Malgré les appels à la réduction de la dépendance au charbon, la transition vers des sources d’énergie plus propres reste incertaine en Serbie. Les plans et les stratégies sont discutés, mais les décisions concrètes tardent à se matérialiser. L’objectif de réduire l’utilisation du charbon de 25 % d’ici 2030 demeure flou, laissant des doutes quant à la volonté réelle de la Serbie de sortir du charbon.
Vladimir Radosavljevic, vice-président de l’Union syndicale de Serbie – Sloga, chargé de l’industrie, souligne que la transition vers des énergies alternatives serait bénéfique pour la santé, l’environnement, et les conditions de travail des mineurs. Cependant, il craint que l’abandon du charbon n’entraîne de nombreux licenciements, ce qui complique la situation.
Expansion et Préoccupations
En attendant, la Serbie prévoit l’ouverture prochaine d’une nouvelle unité dans sa centrale au charbon de Kostolac (est), financée par la Chine. Cette expansion implique également une extension de la mine de charbon de Drmno, dans la même région. Cependant, des inquiétudes émergent concernant les émissions, même avec une unité de désulfuration, dépassant les engagements de la Serbie.
L’Avenir Incertain du Charbon en Serbie
La Serbie s’est engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, mais la persistance du charbon dans son pays montre les défis qui se posent même au cœur de l’Europe pour abandonner cette source d’énergie fossile. Le débat sur l’avenir de l’exploitation du charbon en Serbie reste ouvert, sans clarifications claires sur les plans futurs.