Dans un hameau perché sur les hauteurs du Kurdistan d’Irak, quasiment tous les toits sont couverts de panneaux solaires. Mais le village Hazar Merd reste une exception, dans un pays où les autorités doivent encore concrétiser leur engagement à développer les énergies renouvelables. Pour un Irak otage de sa manne pétrolière, frappé de plein fouet par les effets du changement climatique, le dossier est primordial.
Les défis persistants
Au quotidien, les 43 millions d’Irakiens vivent au rythme des délestages qui empirent l’été quand les températures frôlent, voire dépassent, les 50 degrés. Mais la rareté du solaire dans l’un des pays les plus ensoleillés de la planète illustre la difficulté de sortir les économies de la facilité du pétrole et du gaz, comme vont pourtant l’exiger des dizaines de pays à la prochaine COP28, en novembre et décembre à Dubaï.
L’initiative solaire à Hazar Merd
Niché dans les montagnes du Kurdistan autonome, près de Souleimaniyeh, un village a fait le pari de l’énergie solaire: à Hazar Merd, 17 foyers sur 25 ont installé des panneaux photovoltaïques. « Le solaire couvre tous nos besoins: le frigidaire, la télévision, le refroidisseur (d’air), la machine à laver, l’aspirateur », résume Daniar Abdallah, 33 ans. « Ca nous a beaucoup soulagés », poursuit ce père de deux fillettes qui a déboursé 2.800 dollars (environ 2.650 euros) en 2018 pour se convertir au solaire.
Le défi de la généralisation
Le calme ambiant n’est plus troublé par le vrombissement des gros générateurs de quartier utilisés partout en Irak pour pallier les coupures de courant et extrêmement polluants car fonctionnant à l’énergie fossile. « Avant, on avait un générateur qui tombait tout le temps en panne », poursuit M. Abdallah, soldat dans les forces kurdes locales. D’autant que les délestages durent parfois « 12 ou 13 heures par jour ». Suivant son exemple, « plusieurs amis dans d’autres villages se sont empressés d’installer des panneaux solaires », ajoute-t-il.
Les projets futurs pour l’énergie solaire en Irak
Cependant, le phénomène est encore marginal. A Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan d’Irak, sur les 600.000 foyers abonnés à l’électricité publique, seuls 500 sont équipés de panneaux solaires, reconnaît le porte-parole du département, Sirouan Mahmoud. Le solaire connaît une « progression rapide » depuis que le Parlement régional a voté des incitations en 2021, assure-t-il cependant. Ainsi, tout foyer fournissant aux autorités l’énergie solaire qu’il ne consomme pas bénéficie d’une réduction de sa facture d’électricité publique.
Les enjeux de l’énergie solaire en Irak
M. Mahmoud rappelle que le Kurdistan ambitionne de construire trois centrales électriques solaires d’une capacité totale de 75 mégawatts (MW). Dans un pays aux infrastructures ravagées par des décennies de conflits, où la gestion des affaires publiques est minée par une corruption endémique, les centrales irakiennes ne produisent que 24.000 MW. Pour dire adieu aux délestages, il faudrait dépasser le seuil des 32.000 MW. Or les énergies renouvelables restent sous-exploitées dans le mix énergétique. L’Irak bénéficie de plus de 3.000 heures de soleil sur les 8.700 heures de l’année
L’adoption croissante de l’énergie solaire à Hazar Merd et dans d’autres parties du Kurdistan d’Irak témoigne de l’espoir d’un avenir énergétique plus durable pour le pays. Cependant, les défis persistants, tels que la dépendance au pétrole et la nécessité de surmonter les obstacles logistiques et financiers, soulignent la route difficile vers une transition énergétique réussie.