Un rapport récent réalisé par Frontier Economics compare deux scénarios énergétiques pour l’Australie. Cette analyse vise à déterminer si l’intégration de l’énergie nucléaire dans le marché national de l’électricité (NEM) peut offrir une alternative économique et fiable à une stratégie basée uniquement sur les énergies renouvelables et le stockage.
Deux scénarios énergétiques pour l’Australie
Le rapport présente deux trajectoires distinctes :
– Scénario Progressif : Ce modèle inclut l’énergie nucléaire, conformément à la politique proposée par la Coalition libérale-nationale (LNP).
– Scénario Step Change : Soutenu par le gouvernement travailliste actuel, il s’appuie sur une production basée uniquement sur les énergies renouvelables et le stockage.
Les conclusions mettent en évidence que le scénario progressif serait 44 % moins coûteux entre 2025 et 2051. Le coût élevé du scénario Step Change résulte de la nécessité d’investissements massifs dans les capacités renouvelables et les infrastructures de stockage pour pallier leur intermittence.
Économies et fiabilité accrue
Selon Frontier Economics, l’intégration de l’énergie nucléaire permettrait de générer des économies d’environ 263 milliards AUD sur la période étudiée, tout en augmentant la fiabilité du réseau électrique. Une variante du modèle Step Change, incluant une part limitée de nucléaire, offrirait également des bénéfices financiers significatifs.
Le directeur général de Frontier Economics, Danny Price, a déclaré : « Inclure le nucléaire dans notre mix énergétique est plus économique à moyen et long terme, et il permet de stabiliser la production d’électricité. »
Stratégie de la Coalition libérale-nationale
La Coalition prévoit de construire des petits réacteurs modulaires (SMR) dans les États d’Australie-Méridionale et d’Australie-Occidentale, tout en envisageant d’autres installations dans le Queensland, la Nouvelle-Galles du Sud et le Victoria. Ces projets, selon le Shadow Minister Ted O’Brien, suivent les directives internationales de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et des standards déjà établis dans plusieurs économies développées.
Peter Dutton, chef de la LNP, a déclaré que cette approche permettrait de réduire les coûts pour les ménages tout en renforçant la compétitivité industrielle de l’Australie. « Cette stratégie s’aligne sur les pratiques internationales, où le nucléaire joue un rôle crucial pour combiner croissance économique et réduction des émissions. »
Réserves et critiques du gouvernement
Le ministre du Climat et de l’Énergie, Chris Bowen, a critiqué les conclusions du rapport, affirmant que les estimations de Frontier Economics comportent des biais importants. Selon lui, les projections ignorent les coûts et délais associés à la construction des infrastructures nucléaires, tout en surestimant les bénéfices.
En parallèle, le CSIRO et l’AEMO ont publié des rapports favorables aux énergies renouvelables, affirmant qu’elles représentent une solution plus rapide et abordable pour répondre aux objectifs énergétiques de l’Australie.
Un débat politique et économique
Au-delà des chiffres, ce débat illustre une opposition politique marquée entre les deux approches énergétiques. La Coalition privilégie un mix incluant le nucléaire pour des raisons économiques et stratégiques, tandis que le gouvernement insiste sur l’urgence d’une transition rapide vers les énergies renouvelables. Les choix qui en découleront auront des répercussions majeures sur le marché de l’électricité australien.