Le secteur de l’énergie marine, couvrant l’exploitation des marées et des vagues pour produire de l’électricité, se rapproche d’une commercialisation à grande échelle. En Europe, les projets financés par des mécanismes publics totalisent désormais une capacité planifiée de 165 MW répartis sur 15 sites à déployer d’ici cinq ans. Ces projets sont principalement soutenus par des dispositifs tels que les contrats pour différence (Contracts for Difference, CfD) et les tarifs d’achat garantis, qui offrent aux investisseurs privés une visibilité financière claire et des rendements prévisibles.
Augmentation des capacités et investissements privés
En 2024, cinq entreprises européennes ont installé des dispositifs marins, dont trois dispositifs marémoteurs et deux dispositifs houlomoteurs en grandeur nature. Ces installations se répartissent sur plusieurs pays européens, soulignant une diversification technologique et géographique dans le secteur. Parallèlement, les investissements privés publiquement annoncés dans l’énergie marine européenne atteignent désormais 60 millions d’euros depuis 2023, reflétant la confiance croissante des investisseurs envers la maturité technologique du secteur.
Cette dynamique de financement provient essentiellement de fonds institutionnels attirés par les avancées technologiques démontrées par les projets en cours. Ainsi, en 2024, l’entreprise suédoise CorPower Ocean a levé 32 millions d’euros auprès d’investisseurs institutionnels, représentant l’investissement le plus important jamais réalisé dans ce secteur en Europe. D’autres entreprises, comme Wavepiston et HydroQuest, ont également levé plus de 3,5 millions d’euros via le financement participatif, illustrant l’élargissement de la base d’investisseurs à un public plus large.
Concurrence internationale accrue
Bien que l’Europe reste à ce jour leader en termes de capacité installée cumulée dans l’énergie marine, cette position est désormais fortement concurrencée. En particulier, les États-Unis ont attribué 141 millions de dollars au secteur en 2024, marquant une intensification notable de leur soutien financier à ces technologies. La Chine, de son côté, poursuit activement ses investissements et a ouvert de nouveaux sites d’essai dédiés à l’énergie marine, augmentant la pression compétitive sur les acteurs européens.
Pour répondre à cette concurrence, plusieurs gouvernements européens, notamment ceux du Royaume-Uni et de la France, ont renforcé leurs dispositifs de soutien public dédiés spécifiquement à l’énergie marine. Le Royaume-Uni a notamment confirmé des financements significatifs via des appels d’offres CfD dédiés, tandis que la France ambitionne de déployer 250 MW d’énergie marémotrice d’ici 2030 grâce à des mécanismes tarifaires attractifs.
Vers l’industrialisation du secteur marin
Avec une capacité cumulée atteignant 106 GWh produits en 2024, l’énergie marine a démontré la fiabilité technique de ses installations sur la durée. Cette étape franchie, les acteurs du secteur visent désormais une réduction drastique des coûts de production par une industrialisation massive des procédés. Les investissements privés et publics combinés offrent une base financière solide pour accompagner cette évolution.
Les défis futurs résident dans le passage critique des projets de démonstration vers des installations commerciales pleinement opérationnelles. Ce changement d’échelle exigera une coopération accrue entre les industriels, les investisseurs privés et les pouvoirs publics afin de préserver l’avance technologique européenne sur le marché mondial très concurrentiel de l’énergie marine.