Le 30 mai, après plusieurs semaines d’intenses négociations, l’Union européenne convient d’implémenter un embargo sur les importations de pétrole provenant de Russie. Les 27 membres n’ont trouvé d’accord qu’après avoir octroyé une exemption à la Hongrie.
Un accord représentatif d’opinions dissidentes au sein de l’Union européenne
Les spécificités de l’accord
Ce 6ème paquet de sanctions prévoit plus particulièrement l’arrêt progressif des importations de pétrole brut acheminées par voie maritime échelonné sur 6 mois. Il inclut également un embargo sur les produits pétroliers raffinés transportés par voie maritime dans un délai de 8 mois. Au-delà de ces mesures, il sera interdit pour les entreprises européennes d’assurer ou de réassurer les bateaux transportant le pétrole russe.
Des exemptions révélatrices des désaccords au sein du camp européen
Les livraisons transitant par le pipeline « Druzhba », approvisionnant l’Europe de l’Est et l’Allemagne, sont exclues de l’embargo. Cette décision fait suite aux négociations entreprises par la Hongrie, la Slovaquie et la République Tchèque dépendantes du pétrole russe. Ces pays représentent en tout 10% des importations pétrolières de l’Union européenne. La Bulgarie a également réussi à obtenir une exemption jusqu’à 2024.
Un embargo qui supplante une législation déjà stricte mais floue
Une législation qui n’autorisait que les importations « strictement nécessaires »
Cet accord intervient dans un contexte d’une législation européenne déjà très stricte. Mise en place dès le 15 mai 2022, elle autorise uniquement les importations de pétrole de Rosneft ou Gazpromneft « strictement nécessaires » pour assurer la sécurité énergétique de l’Europe. On prévoyait déjà à l’époque que les importations russes se réduiraient de 90%.
Un manque de clarté qui compliquait la situation pour les entreprises
L’ajout de Transneft complexifie encore plus le système des restrictions. Il est complexe d’interpréter l’expression « strictement nécessaire ». Le manque de clarté dans le message envoyé par l’Union européenne complique la cessation des contrats existants. L’embargo intervient ainsi dans une volonté de clarifier la situation.
L’impact inégal des sanctions
La perte d’un marché conséquent pour la Russie
Jusqu’à présent, les sanctions implémentées par l’Union européenne n’ont pas démontré d’impacts conséquents sur le secteur pétrolier russe selon les analystes de la banque d’investissement Sinara. Tout de même, l’Europe représente la moitié des exportations de pétrole brut et de produits pétroliers russes avant l’invasion de l’Ukraine. Aussi, seulement un tiers du pétrole russe est importé à travers le pipeline « Druzhba ». Parmi les pays utilisant ce dernier, la Pologne et l’Allemagne ont décidé d’arrêter d’acheter du pétrole russe d’ici la fin 2022.
Un pari risqué pour certains pays européens
Cependant, cet embargo pourrait avoir d’importantes conséquences pour les pays hautement dépendants du pétrole russe. L’Allemagne est le plus grand importateur de pétrole russe. C’est surtout la Finlande avec 84% de ses imports provenant de Russie et la Lituanie avec 87%, qui sont les plus à risques dans cette décision. Ainsi, cet embargo se situe bien dans la continuité de la politique de l’Union européenne à l’égard de la Russie.