L’Égypte est contrainte de s’appuyer sur des financements externes pour combler le déficit croissant entre sa production nationale de gaz et la demande énergétique interne. En 2024, la production de gaz du pays atteint son niveau le plus bas en six ans, alors que la demande ne cesse d’augmenter en raison de la croissance démographique et de l’urbanisation rapide. L’Arabie Saoudite et la Libye apportent une aide financière d’environ 200 millions de dollars pour l’achat de cargaisons de gaz naturel liquéfié (GNL), permettant à l’Égypte de maintenir un approvisionnement minimal pendant l’été.
Le gouvernement égyptien doit encore trouver près de 2 milliards de dollars pour couvrir ses besoins en gaz jusqu’à la fin octobre. Les réserves de devises étrangères sont sous pression, limitant les capacités d’importation de GNL nécessaires pour répondre à la demande croissante en électricité.
Dépendance croissante à l’égard des partenaires régionaux
Les aides de l’Arabie Saoudite et de la Libye illustrent la dépendance croissante de l’Égypte envers ses voisins pour stabiliser son approvisionnement énergétique. Des sources industrielles indiquent que l’Arabie Saoudite finance trois des cargaisons de GNL importées cette année, d’une valeur d’environ 150 millions de dollars, tandis que la Libye, par l’intermédiaire de la National Oil Corporation (NOC), soutient une cargaison évaluée à 50 millions de dollars. Ces soutiens financiers sont essentiels pour le maintien des importations de GNL, alors que l’Égypte lutte pour éviter l’épuisement de ses réserves en devises.
L’augmentation des coûts d’importation de gaz survient dans un contexte de baisse continue de la production domestique. Le gisement de Zohr, autrefois perçu comme un levier stratégique pour l’indépendance énergétique, voit sa production chuter de 3,2 à 1,9 milliard de pieds cubes par jour depuis 2019, une situation aggravée par des problèmes d’injection d’eau dans le réservoir, rendant l’extraction plus complexe.
Impact sur les politiques énergétiques et économiques
L’Égypte est confrontée à un double défi : gérer la demande croissante en énergie tout en limitant l’impact économique des subventions élevées sur le budget de l’État. Depuis mars 2024, la livre égyptienne subit une dévaluation de 60 %, entraînant une inflation galopante. En réponse, le gouvernement a tenté de renforcer les subventions aux carburants et à l’alimentation, mais ces mesures sont insuffisantes pour compenser l’augmentation des coûts pour la population.
Le fardeau de la dette étrangère liée aux importations de gaz et de carburant atteint environ 6 milliards de dollars. Cette accumulation de créances ralentit également les nouveaux investissements dans le secteur. Les opérateurs tels qu’Eni, présents en Égypte, ajustent leurs investissements en fonction de l’évolution de la situation économique et des remboursements de dette. D’autres acteurs, comme Petronas, mettent en pause leurs projets en attendant de récupérer les sommes dues.
Pressions sur la consommation énergétique et défis futurs
Les perspectives de consommation d’énergie en Égypte montrent une augmentation prévue de 39 % au cours des dix prochaines années, alimentée par une industrialisation rapide et l’urbanisation. Cette augmentation, couplée à la baisse de la production de gaz domestique, crée une situation critique pour l’infrastructure énergétique du pays. Les coupures de courant deviennent fréquentes, perturbant les activités économiques et risquant d’alimenter des tensions sociales.
Le gouvernement doit explorer des solutions alternatives pour diversifier ses sources d’approvisionnement énergétique et renforcer la résilience de son réseau. Toutefois, les conditions actuelles du marché et la gestion des dettes vis-à-vis des entreprises internationales compliquent la mise en œuvre de telles stratégies.