L’Égypte, autrefois autosuffisante en gaz naturel, fait face à une diminution significative de sa production nationale. Ce déclin est en grande partie dû à la baisse de la production de son plus grand champ gazier offshore, Zohr, exploité par Eni. Ce gisement, qui fournissait environ 2,7 milliards de pieds cubes par jour en 2022, a vu sa production chuter à 1,9 milliard de pieds cubes par jour début 2024. Pour faire face à cette situation, le gouvernement égyptien cherche des solutions alternatives pour assurer la sécurité énergétique du pays, notamment en explorant la location d’une unité flottante de liquéfaction de gaz naturel en Allemagne.
Lors de la conférence CERAWeek à Houston, le ministre égyptien du Pétrole, Karim Badawi, a discuté de cette initiative avec Philipp Steinberg, directeur général de la stabilisation économique et de la sécurité énergétique en Allemagne. Leur rencontre a permis d’explorer la possibilité pour l’Égypte de louer une unité de liquéfaction flottante actuellement stationnée au terminal allemand de Mukran, en mer Baltique. Cette unité flottante devrait permettre à l’Égypte de renforcer sa production de gaz naturel liquéfié (GNL) afin de satisfaire ses besoins internes croissants.
En outre, les deux responsables ont abordé la question de la coopération énergétique renforcée entre l’Égypte et l’Allemagne, en particulier la possibilité pour l’Allemagne d’acheter du gaz naturel chypriote via les infrastructures de liquéfaction égyptiennes. Cette coopération pourrait s’étendre au-delà de la simple location d’équipements, en faisant de l’Égypte un acteur central dans la chaîne d’approvisionnement de GNL en Europe.
Conséquences de la baisse de production de Zohr
La diminution de la production de Zohr marque une rupture avec la dynamique énergétique positive observée depuis 2018, lorsque l’Égypte est devenue autosuffisante en gaz naturel et a même commencé à exporter une partie de sa production. Aujourd’hui, la situation a radicalement changé, et l’Égypte se trouve dans l’obligation de relancer ses importations de gaz naturel liquéfié (GNL) pour répondre aux besoins domestiques. En septembre 2024, le gouvernement égyptien a lancé un appel d’offres pour l’achat de 20 cargaisons de GNL entre octobre et décembre 2024, ce qui marque son retour aux importations après six ans d’absence.
Les efforts pour relancer la production gazière interne
En parallèle des mesures à court terme, telles que la location d’installations de liquéfaction, l’Égypte met en place un plan d’exploration de grande envergure pour revitaliser sa production nationale de gaz. Doté d’un budget de 1,8 milliard de dollars, ce plan couvre 35 blocs gaziers. En janvier 2025, une première réussite a été obtenue avec la découverte du gisement Nefertari-1 par ExxonMobil. Toutefois, malgré ces efforts, la transition de l’Égypte, passant de statut d’exportateur net à celui d’importateur net, soulève des questions sur la durabilité de son modèle énergétique, largement dépendant du gaz naturel, qui représente 52 % de la production énergétique totale du pays, selon l’Agence internationale de l’énergie.
Une dépendance croissante au gaz naturel liquéfié
La dépendance croissante de l’Égypte au gaz naturel liquéfié pour son approvisionnement domestique expose davantage sa vulnérabilité face aux fluctuations de l’offre mondiale. L’initiative de louer des installations de liquéfaction en Allemagne illustre les ajustements forcés auxquels le pays doit faire face pour maintenir sa sécurité énergétique. Si ces mesures permettent de pallier la crise énergétique à court terme, elles soulignent également la fragilité du système énergétique égyptien, qui dépend d’une production gazière stable pour alimenter ses besoins énergétiques internes.