L’Égypte va forer 480 nouveaux puits d’exploration pétrolière et gazière sur les cinq prochaines années, pour un investissement total dépassant $5.7bn, a annoncé le ministre du Pétrole et des Ressources minérales, Karim Badawi. Cette annonce a été faite à l’occasion d’un discours tenu au World Energies Summit à Londres, marquant une intensification significative de l’activité amont du pays.
Une accélération concentrée dès 2026
Sur les 480 puits programmés, 101 devraient être forés dès 2026. Les opérations seront concentrées dans les principales régions pétrolières égyptiennes : 67 puits dans le désert occidental, 14 en Méditerranée, 9 dans le golfe de Suez et 6 dans le delta du Nil. Cette campagne intensive intervient après une série de mesures incitatives introduites récemment, qui ont permis la signature de 21 nouveaux accords avec des compagnies internationales, pour un montant cumulé de $1.1bn.
Au total, 300 puits ont été mis en production sur la même période. Cette dynamique a permis de freiner le déclin continu de la production de gaz naturel, inversé pour la première fois depuis plusieurs années en août 2025.
Demande croissante et pression sur les capacités
Selon les chiffres communiqués par le ministère, la consommation nationale de gaz naturel a progressé de 14% sur l’année 2025. Dans le même temps, la production a chuté de 25% sur les deux dernières années. Pour répondre à ce déséquilibre, l’Égypte a étendu ses capacités en amont et sécurisé quatre unités flottantes de stockage et regazéification aux ports d’Aïn Sokhna et de Damiette.
Parallèlement aux investissements publics, plusieurs entreprises internationales ont réaffirmé leur engagement. Eni prévoit un investissement de $8bn sur cinq ans, tandis que bp allouera $5bn à de nouveaux projets d’exploration. Quatre nouveaux accords ont également été signés avec Eni, Shell et Arcius Energy pour un montant global supérieur à $340mn.
Appui technologique et développement du numérique
Le ministre a mis en avant la plateforme numérique Egypt Upstream Gateway (EUG), qui permet d’accélérer les décisions d’investissement et d’accéder à des données géologiques complètes. Le développement de projets de prospection sismique a également été souligné, notamment en Méditerranée orientale, via une collaboration entre Egyptian Natural Gas Holding Company (EGAS) et l’alliance Schlumberger–Veridien. Des levés similaires sont en cours dans le désert occidental et le golfe de Suez.
Industrialisation et indépendance en produits chimiques
Le gouvernement égyptien mise aussi sur la filière pétrochimique pour renforcer son autonomie industrielle. Un plan national de développement des pétrochimies a été finalisé, couvrant l’horizon 2040. En 2025, les exportations du secteur ont atteint $2.4bn, et l’objectif affiché est d’atteindre $4.2bn d’ici 2030.
Dix projets majeurs sont actuellement en développement, représentant sept millions de tonnes de capacité annuelle supplémentaire et l’introduction de 20 nouveaux produits sur le marché local. L’impact économique est estimé à $8bn d’économies sur les importations. Parmi ces projets figurent le complexe pétrochimique d’Alamein à $7bn, un complexe d’éthylène et polyéthylène à Alexandrie, ainsi qu’une usine de soude à Nouvelle-Alamein, qui réduira les importations de soude de 450 000 tonnes par an.