Le rythme mondial d’amélioration de l’efficacité énergétique connaît un essoufflement marqué, avec une hausse attendue de seulement 1,8 % en 2025, loin du seuil de 4 % fixé lors de la COP28. Depuis 2019, la moyenne des gains annuels d’efficacité énergétique s’établit à 1,3 %, un niveau bien inférieur à celui observé dans la décennie précédente. Cette tendance met en péril la trajectoire internationale vers les objectifs énergétiques et économiques de 2030.
Le poids de l’industrie dans le ralentissement global
Près des deux tiers de la croissance de la demande énergétique finale mondiale depuis 2019 proviennent du secteur industriel. L’intensité énergétique industrielle, qui s’améliorait de près de 2 % par an avant 2020, affiche désormais une progression inférieure à 0,5 %. Cette stagnation s’explique par la hausse continue de la production manufacturière et la dépendance à des procédés énergivores. Ce déséquilibre structurel neutralise les progrès réalisés dans les bâtiments et les transports, entraînant une détérioration de la performance énergétique globale.
Des politiques publiques en retard sur les technologies
Les réglementations en matière d’efficacité énergétique n’ont pas suivi le rythme des avancées technologiques, entraînant une perte d’opportunités économiques. De nombreux appareils mis sur le marché restent significativement moins performants que les modèles de pointe. Par exemple, le rendement des ampoules les plus efficaces a doublé en quinze ans, alors que les normes minimales n’ont progressé que de 30 %. Ce décalage empêche la réduction des coûts pour les consommateurs et alourdit la consommation d’énergie mondiale.
Une demande croissante de climatisation et un mix électrique inégal
L’accès accru à la climatisation, notamment dans les pays émergents, stimule une forte demande d’électricité pour le refroidissement des bâtiments. Si ces équipements améliorent le confort, la majorité reste peu efficiente. Selon les estimations, si tous les climatiseurs achetés depuis 2019 avaient été des modèles à haut rendement, la croissance de la demande mondiale d’électricité aurait été équivalente à celle des centres de données sur la même période.
Dans plusieurs régions, la montée rapide de la demande électrique a conduit à un recours accru à des centrales thermiques vieillissantes et peu efficaces. Ce phénomène contrebalance partiellement les gains obtenus par les énergies renouvelables, rendant plus difficile la réalisation simultanée des objectifs de doublement de l’efficacité énergétique et de triplement des capacités renouvelables.
Des signaux positifs, mais un retard persistant
Certains marchés montrent des signes de redressement. L’Inde devrait enregistrer une amélioration de plus de 4 % en 2025, démontrant que le rythme fixé lors de la COP28 est atteignable. Par ailleurs, les gouvernements représentant 85 % de la demande mondiale d’énergie ont adopté ou révisé 250 politiques liées à l’efficacité énergétique au cours de l’année. Ces initiatives constituent une base solide pour renforcer la cohérence des actions publiques et accélérer la mise en œuvre des mesures existantes.
Un potentiel économique majeur encore sous-exploité
Les gains d’efficacité réalisés depuis 2010 ont permis d’éviter une hausse de 20 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et ont contribué à réduire les factures énergétiques. Ils ont également soutenu la compétitivité industrielle et la sécurité énergétique des États. Les gouvernements reconnaissent de plus en plus ces bénéfices économiques lors des conférences internationales consacrées à la performance énergétique.
Un rapport détaillé sera publié le 20 novembre afin d’analyser les politiques les plus efficaces et d’orienter les prochaines décisions gouvernementales pour combler le retard constaté.