Lee Jae-myung, récemment élu président de la Corée du Sud, entend réexaminer la politique énergétique mise en place par son prédécesseur, Yoon Suk-yeol, qui privilégiait fortement l’expansion du secteur nucléaire. Cette révision intervient alors que le pays avait intensifié ces dernières années l’exploitation de ses centrales nucléaires existantes et lancé plusieurs projets ambitieux de construction de réacteurs supplémentaires. Durant sa campagne électorale, Lee a régulièrement exprimé des préoccupations concernant la sécurité nucléaire et la gestion des déchets radioactifs. Sans évoquer de fermeture immédiate des centrales en fonctionnement, Lee souhaite modifier le cadre réglementaire afin de diversifier les sources d’énergie du pays.
Une politique héritée de l’administration précédente
Sous le mandat de Yoon Suk-yeol, la Corée du Sud avait considérablement augmenté la part du nucléaire dans son mix énergétique national. En 2024, l’énergie nucléaire représentait 32 % de la production totale d’électricité, devenant ainsi la principale source d’énergie du pays devant le charbon et le gaz naturel liquéfié (LNG). Cette augmentation s’explique notamment par l’amélioration du taux d’utilisation des centrales, passé de 74,5 % en 2021 à 83,8 % en 2024, selon Korea Hydro & Nuclear Power (KHNP), l’opérateur public des centrales nucléaires sud-coréennes. Plusieurs nouveaux réacteurs, tels que les unités Shin Hanul-1 et Shin Hanul-2 d’une capacité respective de 1,4 gigawatt (GW), avaient ainsi été mis en service récemment.
L’administration précédente prévoyait également la construction de réacteurs supplémentaires, dont les unités Saeul-3 et Saeul-4 prévues pour entrer en exploitation d’ici à fin 2026. Le plan initial incluait aussi les réacteurs Shin Hanul-3 et Shin Hanul-4 avec une entrée en service programmée d’ici 2033. À plus long terme, le gouvernement envisageait même la construction de petits réacteurs modulaires (Small Modular Reactors – SMR) d’ici 2035.
Vers un ajustement réglementaire
Cependant, le président Lee pourrait désormais ralentir ou même suspendre certains de ces projets. Selon le cabinet sud-coréen d’avocats et de conseil en énergie Yulchon, Lee ne prévoit pas d’arrêter les réacteurs en fonctionnement ou déjà en construction, mais souhaite éviter le lancement de nouveaux chantiers nucléaires à grande échelle. Lee favorise plutôt une politique énergétique plus équilibrée, intégrant les énergies renouvelables et prolongeant éventuellement la durée de vie des réacteurs existants. Le nouveau président exclut toutefois de revenir à une politique similaire à celle de Moon Jae-in, qui visait une sortie progressive du nucléaire.
Cette approche vise à adapter la réglementation actuelle afin de garantir une sécurité accrue tout en répondant à la hausse de la demande d’électricité, notamment due au développement de technologies énergivores telles que l’intelligence artificielle (IA). Pour autant, les professionnels du secteur attendent encore des précisions réglementaires et opérationnelles qui détermineront l’avenir des projets nucléaires en cours et à venir.
Un secteur énergétique en attente de clarté
Le contexte actuel place le secteur énergétique sud-coréen dans une phase d’attente stratégique. Si aucune fermeture brutale n’est anticipée, des ajustements réglementaires progressifs pourraient influencer significativement les investissements et les plans industriels des prochaines années. Plusieurs analystes s’accordent sur le fait que le gouvernement Lee devra préciser rapidement ses intentions afin d’apporter aux entreprises concernées la visibilité nécessaire à leur planification à long terme. La période qui s’ouvre devrait donc être marquée par une attention accrue portée à l’évolution réglementaire du secteur nucléaire sud-coréen, particulièrement dans un contexte de forte croissance de la demande énergétique.