Le conglomérat industriel ABB, basé en Suisse et en Suède, a engagé des discussions en vue du rachat du fabricant français de matériels électriques Legrand, selon des informations confirmées par une source proche du dossier. L’offensive a duré près de six mois avant d’être interrompue à la suite d’un double veto opposé par le ministère de l’Économie français.
Une tentative avortée à plusieurs niveaux
D’après les éléments rapportés, ABB a dans un premier temps approché Legrand de manière informelle, sans succès. Le groupe suisse a ensuite adressé un courrier officiel au conseil d’administration du fabricant français. Cette approche formelle a été rejetée « à l’unanimité » par les administrateurs, selon une source citée dans les échanges. De son côté, Bercy a exprimé à deux reprises son opposition ferme à l’opération, en insistant sur la sensibilité stratégique de certains actifs de Legrand.
Le rôle croissant des centres de données
Les activités de Legrand dans les centres de données seraient au cœur de l’intérêt manifesté par ABB. Ces infrastructures, essentielles pour l’hébergement et la gestion de données numériques, représentent un levier de croissance important pour Legrand. Au premier semestre, le groupe français a enregistré un bénéfice net en progression de 8,7%, atteignant 628 millions d’euros (environ $664mn). Cette dynamique repose notamment sur la demande accrue en équipements pour les datacenters.
Opposition politique à un transfert de contrôle
Le ministère de l’Économie aurait perçu cette opération comme un risque de perte de souveraineté technologique, dans un contexte de tensions sur les infrastructures numériques critiques. Le président d’ABB aurait, selon une source, notifié au ministre de l’Économie Eric Lombard à la fin du mois de juillet l’abandon du projet de rachat.
Legrand, qui emploie 5 000 personnes en France, reste l’un des principaux acteurs européens du secteur des équipements électriques. Le groupe n’a pas souhaité faire de commentaire sur les offres d’ABB ni sur le rôle de Bercy dans le blocage des négociations. ABB, pour sa part, s’est également abstenu de toute déclaration publique.