Le Venezuela, autrefois surnommé la « Venezuela saoudite » en raison de ses immenses revenus pétroliers, traverse une période critique. Avec les plus grandes réserves mondiales de pétrole, le pays est aujourd’hui confronté à des défis majeurs pour revitaliser une industrie en déclin. L’impact de la corruption, de la mauvaise gestion et des sanctions internationales continue de peser lourdement sur l’économie vénézuélienne. De plus, la pollution du lac de Maracaibo met en lumière les conséquences environnementales de l’effondrement de l’industrie pétrolière.
L’âge d’or pétrolier
Découvert à la fin du XIXe siècle, le pétrole est devenu le moteur principal de l’économie vénézuélienne dès les années 1920. En 1976, le pays nationalise les compagnies étrangères pour créer Petróleos de Venezuela (PDVSA), le géant public pétrolier. Ce secteur a financé la plupart des grandes infrastructures du pays, mais la gestion de PDVSA a été marquée par des périodes de corruption et de décisions stratégiques contestées.
Sous la présidence d’Hugo Chávez (1999-2013), PDVSA est devenue un outil politique, entraînant des licenciements massifs en 2003-2004 qui ont paralysé la gestion et la maintenance des installations. Ces décisions ont conduit à une dégradation des infrastructures et à une baisse drastique de la production, tombant de 3,5 millions de barils par jour en 2008 à 400 000 barils par jour en 2020.
L’effondrement et ses causes
La gestion inefficace et la corruption ont causé un effondrement progressif de l’industrie pétrolière. Eugenio Montoro, ancien gérant de PDVSA, souligne que l’absence de maintenance et les décisions erronées ont détérioré les raffineries et les installations, contribuant à une baisse significative de la production.
Les sanctions américaines imposées en 2018-2019, suite à la réélection contestée de Nicolás Maduro, ont aggravé la crise. Malgré un léger allégement des sanctions en 2023, le Venezuela dépend encore de ses alliés comme la Russie, l’Iran et la Chine pour relancer la production, qui avoisine aujourd’hui un million de barils par jour. Parallèlement, le lac de Maracaibo, autrefois une ressource vitale pour la pêche et le tourisme, est devenu un symbole de la pollution et de l’inaction environnementale.
La pollution du lac de Maracaibo
Le lac de Maracaibo, le plus grand d’Amérique du Sud, est aujourd’hui recouvert d’une nappe noire de pétrole, affectant gravement l’écosystème local et les communautés de pêcheurs. Les berges autrefois animées sont désormais noires de brut, et les pêcheurs peinent à récupérer le pétrole à la pelle, un travail de fourmi. Yordi Vicuna, un pêcheur local, déplore la chute drastique des prises et les dégâts causés aux filets par la pollution.
La côte est du lac, à Cabimas, est jonchée de derricks inactifs et d’hôtels abandonnés, transformant la région en une zone fantôme. Guillermo Albeniz Cano, qui travaillait sur la plage de Puyuyo, explique que l’épaisseur de pétrole au fond de l’eau a rendu la baignade et la pêche impossibles. La situation est également désastreuse à Maracaibo, où les infrastructures en ruine et les panneaux « à vendre » sont omniprésents.
Sanctions et relations internationales
Les sanctions ont forcé le gouvernement vénézuélien à chercher des alternatives. Le président de PDVSA, Pedro Tellechea, affirme que le Venezuela est en pleine renaissance industrielle et vise à augmenter sa production. Les licences accordées à Chevron, Repsol et Maurel & Prom témoignent d’une volonté de relancer le secteur avec l’aide de capitaux étrangers, malgré un discours américain inchangé sur la transition démocratique nécessaire.
Le mauvais état des infrastructures a également des répercussions environnementales, avec des fuites de pétrole fréquentes sur les principaux bassins de production. Le pays doit trouver un équilibre entre la relance de la production et la gestion des défis environnementaux pour éviter une catastrophe écologique.
Perspectives d’avenir
Avec environ 300 milliards de barils de réserves, le Venezuela a un potentiel énorme pour se repositionner sur la scène pétrolière mondiale. Le bassin historique de Zulia-Falcon et la bande pétrolière de l’Orénoque concentrent la majeure partie de ces réserves. Selon Pedro Tellechea, le pays possède également d’importantes réserves de gaz, cruciales pour la transition énergétique.
L’avenir du secteur pétrolier vénézuélien dépendra de sa capacité à attirer des investissements étrangers, à améliorer la gestion et la maintenance des infrastructures, et à naviguer les défis politiques et environnementaux. Le rêve de reconquête de l’industrie pétrolière vénézuélienne reste ambitieux, mais réaliste si ces conditions sont réunies. La question environnementale, notamment la pollution du lac de Maracaibo, devra également être adressée pour garantir un développement durable.