Le président du Venezuela Nicolás Maduro a approuvé la suspension immédiate des accords de coopération énergétique avec Trinidad et Tobago, interrompant des années de développement conjoint dans le secteur gazier. La décision concerne notamment le projet Dragon, l’un des gisements stratégiques du pays en mer des Caraïbes, dont l’exploitation était prévue avec plusieurs partenaires étrangers.
Projet Dragon : un enjeu régional
La mesure implique la révocation potentielle de la licence de développement du champ gazier Dragon, situé dans les eaux territoriales vénézuéliennes, et estimé à 4,2 trillions de pieds cubes de réserves. Le site représentait une solution vitale pour Trinidad et Tobago, confronté à l’épuisement progressif de ses ressources gazières. Le projet, longtemps retardé, avait reçu une autorisation de développement de la part de Washington plus tôt ce mois-ci, à destination de Shell et de la National Gas Company of Trinidad and Tobago (NGC).
La suspension intervient alors que la Première ministre trinidadienne Kamla Persad-Bissessar, entrée en fonction en mai, renforce ses relations avec les États-Unis. Maduro accuse son homologue d’agir contre les intérêts du Venezuela et de favoriser l’influence militaire américaine dans la région.
Pressions politiques et intérêts divergents
Selon le président vénézuélien, le nouveau gouvernement trinidadien adopte une posture incompatible avec les engagements pris sous l’administration précédente, dirigée par Keith Rowley. Ce dernier avait résisté aux sanctions américaines pour maintenir une coopération énergétique avec Caracas.
La rupture est survenue peu après l’amarrage d’un navire militaire américain à Port-d’Espagne et l’annonce par Washington du déploiement d’un groupe aéronaval en Amérique latine. Maduro a dénoncé ce rapprochement, affirmant que Trinidad risquait de devenir un point d’appui militaire des États-Unis contre le Venezuela.
Conséquences pour les acteurs industriels
Shell, la National Gas Company of Trinidad and Tobago (NGC) et BP n’ont pas commenté la décision vénézuélienne. Ces groupes sont impliqués dans plusieurs initiatives liées au gaz offshore, y compris le champ Manatee, situé à la frontière maritime entre les deux pays. Ce projet, autorisé par le gouvernement vénézuélien pour un développement unilatéral par Trinidad, pourrait également être remis en question.
Les autorités de Caracas ont indiqué que le Parlement et la Cour suprême seraient saisis pour évaluer les suites légales de la suspension. Aucun calendrier n’a encore été communiqué concernant le gel ou la réaffectation des ressources liées à ces projets.