Le controversé réseau de pipeline Trans Mountain, dans l’ouest du Canada, ne sera pas rentable pour le gouvernement canadien, selon un nouveau rapport sur la valeur financière du projet, publié mercredi par le directeur parlementaire du budget (DPB).
“La décision prise par le gouvernement en 2018 d’acquérir, d’agrandir, d’exploiter puis de céder les actifs du réseau de pipelines Trans Mountain occasionnera une perte nette pour le gouvernement fédéral”, a conclu le DPB, qui a pour mandat de fournir des analyses économiques et financières indépendantes destinées aux parlementaires canadiens.
Le Trans Mountain provoque un tollé
Longtemps réclamé par l’industrie pétrolière de l’Alberta mais décrié par les écologistes et des communautés autochtones de la province voisine, en Colombie-Britannique, l’agrandissement de l’oléoduc Trans Mountain a provoqué un tollé ces dernières années.
Le projet consiste à doubler la canalisation du pipeline pour tripler la capacité de transport de pétrole entre les sables bitumineux albertains et la côte pacifique pour fins d’exportation, afin de desservir notamment les marchés asiatiques.
Convaincu de “l’intérêt national” de ce projet d’abord proposé par le secteur privé, le gouvernement de Justin Trudeau l’avait acheté il y a quatre ans, pour 4,4 milliards de dollars canadiens, provoquant une levée de boucliers chez les groupes environnementaux.
Vers une annulation du projet ?
Mais en raison “de l’augmentation des coûts de construction et du report de la date de mise en service” du pipeline, Trans Mountain a maintenant une valeur estimée de 3,9 milliards de dollars, selon ce nouveau rapport du DPB. En février déjà, la société d’état Trans Mountain avait annoncé que les coûts de l’agrandissement de l’oléoduc, qui doit traverser les Rocheuses, avaient explosé de 70%, passant de 12,6 à 21,4 milliards de dollars canadiens (15,64 milliards d’euros).
Dans son rapport, le directeur parlementaire du budget évoque l’hypothèse d’une annulation du projet, dont les travaux ont pourtant déjà débuté. “Dans un tel scénario, le gouvernement devrait radier des actifs d’une valeur de plus de 14 milliards de dollars”, peut-on y lire, ce qui “entraînerait des pertes financières considérables” pour le gouvernement canadien.